Monsieur Méziane RAHEM 

59000 LILLE REGION NORD-EST FRANCE 

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Diplômé d'état Médiation Sociale ( DEMS )

Membre de la quadrature du net

Membre Ars industrialis & Amnesty international France

Membre de l'école de philosophie d'Epineuil le Fleuriel 

 

L’autogestion signifie pour moi « liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes » ainsi que « souveraineté » dans tous les sens du terme : alimentaire, énergétique, économique, politique et cognitive !!

             

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L'INGENIERIE SOCIALE :

 


Le terme d' " ingénierie sociale " ( en anglais social engineering ) désigne l'art de manipuler des personnes afin de contourner des dispositifs de sécurité.

Il s'agit ainsi d'une technique consistant à obtenir des informations de la part des utilisateurs par télèphone, courrier électronique, courrier traditionnel ou contact direct.

 

L'ingéniérie sociale est basée sur l'utilisation de la force de persuasion et l'exploitation de la naiveté des utilisateurs en se faisant passer pour une personne de la maison, un technicien, un administrateur, etc.

 

D'une manière générale les méthodes d'ingéniérie sociale se déroule selon le schéma suivant :

 

Une phase d'approche permettant de mettre l'utilisateur en confiance, en se faisant passer pour une personne de sa hièrarchie, de l'entreprise, de son entourage ou pour un client, un fournisseur, etc.

 

Une mise en alerte, afin de le déstabiliser et de s'assurer de la rapidité de sa réaction. Il peut s'agir par exemple d'un prétexte de sécurité ou d'une situation d'urgence ;

 

Une diversion, c'est-à-dire une phrase ou une situation permettant de rassurer l'utilisateur et d'éviter qu'il se focalise sur l'alerte. Il peut s'agir par exemple d'un remerciement annonçant que tout est rentré dans l'ordre, d'une phrase anodine ou dans le cas d'un courrier électronique ou d'un site web, d'une redirection vers   

le site web de l'entreprise.

 

 

L'ingéniérie sociales peut prendre plusieurs formes :

 

Par téléphone

Par courrier électronique

par courrier écrit

Par messagerie instantanée

etc.

 

COMMENT SE PROTEGER 

 


La meilleure façon de ce protéger des techniques d'ingéniérie sociale est d'utiliser son bon sens pour ne pas divulguer à n'importe qui des informations pouvant nuire à la sécurité de l'entreprise. Il est conseillé, quel que soit le type de renseignement demandé :

 

de se renseigner sur l'identité de son interlocuteur en lui demandant des informations précises ( nom et prénom, sociètè , numéro de téléphone ) ;

 

de vérifier éventuellement les renseignements fournis;

de s'interroger sur la criticité des informations demandées.

 

Ainsi, une sensibilisation des utilisateurs aux problèmes de sècuritè peut s'avérer nécessaire.

 

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QU'EST-CE QUE L'INGENIERIE SOCIALE ? ...

 

 

1. Science politique : une pratique visant à modifier à grande échelle certains comportements de groupes sociaux.

2. Sécurité de l’information : une pratique visant à obtenir par manipulation mentale une information confidentielle.

 

3. Psychologie : une pratique utilisant des techniques de manipulation psychologique afin d’aider ou nuire à autrui.

En dégageant le concept commun de ces trois définitions, nous proposons de les synthétiser en une seule : l’ingénierie sociale, c’est la modification planifiée du comportement humain.

Qui parle de modifier un comportement, parle de le faire changer. Le « changement » est donc le mot-clé de cette approche, avec une orientation clairement interventionniste, raison pour laquelle on parle d’ingénierie, c’est-à-dire d’une pratique consciente, intentionnelle et délibérée du changement. Cette praxis du changement provoqué est susceptible d’une planification, appuyée sur une modélisation scientifique et une programmation de type algorithmique du comportement (formule IFTTT : « Si ceci, alors cela »).

Plusieurs universités françaises proposent des Diplômes d’État d’Ingénierie Sociale (DEIS), dont l’université de Toulouse II - Le Mirail qui a sous-titré le sien « Intervention sociale et changement ». Quant à l’Institut Régional d’Ingénierie Sociale (IRIS), il offre les descriptions suivantes sur son site : « Notre métier consiste à anticiper, susciter et accompagner le changement chez les hommes, dans les entreprises, dans les organisations et dans les territoires lorsqu’il y a des mutations économiques, sociales, culturelles, technologiques ou environnementales. » Ou encore, sur la page du site consacrée aux méthodes élaborées : « L’Ingénierie Sociale, formidable intuition née en 2003, est destinée à aider à "Changer" en maîtrisant la nouveauté, en élaborant de nouvelles compétences, en s’adaptant aux mutations, en élaborant des plans stratégiques, en étant acteur des mutations économiques, sociales, technologiques, culturelles ou environnementales et en étant l’auteur de son propre changement. » (http://www.univ-tlse2.fr/accueil-ut... ; http://www.iris.eu.org/presentation...)

Issue du consulting en management de tendance libérale et du « social engineering » anglo-saxon, cette phraséologie du « changement » est donc omniprésente en ingénierie sociale, sous diverses déclinaisons : conduite du changement, changement dirigé, accompagnement au changement… On la retrouve tout naturellement dans les slogans de campagne de François Hollande 2012 « Le changement, c’est maintenant », Barack Obama 2008 « Change, we can believe in », dans l’usage appuyé de l’idée de « rupture » par Nicolas Sarkozy 2007, ou encore le slogan de la banque ING Direct Italie : « Prendi parte al cambiamento. » La notion de « regime change » appartient quant à elle au vocabulaire de la transitologie, discipline développée dans les think tanks de certains pays impérialistes pour désigner par euphémisme les pratiques d’ingérence et de colonisation soutenues par des ONG et des invasions militaires. Une véritable industrie du changement est donc à l’œuvre de nos jours un peu partout sur la planète. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est que dans tous les cas – accompagnement adaptatif ou impulsion donnée – nous avons à faire à un changement « piloté », sous contrôle, au moyen d’une méthodologie rationnelle.

Comme tout comportement, le « changement » est un processus objectivable qui peut être décomposé en éléments atomiques : c’est la partie théorique et proprement scientifique. Ce travail descriptif accompli, on peut passer à la pratique consistant à recombiner entre eux les éléments analysés, mais selon un nouveau schéma, une nouvelle synthèse, à la manière dont l’ingénierie génétique le fait avec l’ADN. Devenu habile dans cet art du changement provoqué, un individu expérimenté pourra également l’instiller à volonté chez autrui et prendre le contrôle de son comportement. On reconnaît ici les principes de base du mentalisme et de la Programmation neurolinguistique (PNL), que l’on appelait en des temps révolus la « magie », ou l’Art hermétique, et qui s’appuie sur une bonne part de « faire croire », d’illusionnisme, de prestidigitation, de bluff et de poker-menteur. Vue sous cet angle, l’ingénierie sociale n’est guère que de la « manipulation » psychologique et comportementale érigée en science exacte.

Le principe de la manipulation, généralement blâmable, peut néanmoins s’avérer constructif : les parents « manipulent » souvent leurs enfants, c’est-à-dire qu’ils les font changer de manière planifiée, mais pour leur bien, pour les aider à s’adapter au monde environnant et à développer des aptitudes, comme toute relation de maître à disciple. La manipulation peut donc avoir un caractère pédagogique. Que la manipulation soit bienveillante ou malveillante, elle s’appuie toujours sur un repérage des faiblesses et des failles du sujet manipulé, que ce soit pour les réparer, les contenir ou au contraire pour les exploiter.

L’exploitation malveillante des points de vulnérabilité et des angles morts par l’ingénierie sociale appartient à sa dimension de management des perceptions et d’« art de la supercherie », pour reprendre le titre de Kevin Mitnick. Art de la tromperie étroitement lié aux techniques d’influence comportementale appliquées dans les milieux hackers et pirates informatiques, notamment dans la pratique du « phishing », traduite par « hameçonnage », notion appartenant au registre de la Sécurité des systèmes et de la cyndinique (sciences du danger, gestion de risques, cybercriminalité).

Un exemple typique de hameçonnage nous a été fourni par le piratage de l’Élysée au printemps 2012, dont certains ont mis en doute la véracité, ce qui ne touche pas la description du mode opératoire, un vrai cas d’école. Le « Journal Du Net » récapitule ainsi : « "Comment Facebook a permis de pirater l’Élysée." La méthode employée pour pirater le palais présidentiel en mai dernier a été révélée. L’ingénierie sociale via Facebook et le phishing en sont les piliers. L’ingénierie sociale est bien souvent utilisée pour faciliter des piratages, et celui subi par l’Élysée en mai dernier en est une nouvelle illustration. Nos confrères de l’Express pensent aujourd’hui savoir comment les attaquants s’y sont pris pour "fouiller les ordinateurs des proches conseillers de Nicolas Sarkozy" et récupérer "des notes secrètes sur des disques durs". Et c’est bien Facebook qui a permis aux pirates de repérer des personnes travaillant à l’Élysée puis de devenir leurs "amis". Après avoir gagné leur confiance, les attaquants ont pu les inciter par e-mail à cliquer sur un lien menant vers un faux site officiel afin de recueillir leurs identifiants. Les pirates ont donc utilisé la méthode bien connue du phishing : ils ont reproduit à l’identique le site officiel de l’Élysée pour piéger leur cible. » (http://www.journaldunet.com/solutio...).

Le phishing consiste donc à augmenter notre pouvoir sur autrui en remplaçant son réel par une simulation dont nous possédons les clefs. On va superposer à une chose réelle que l’on ne contrôle pas, en l’occurrence le site original de l’Élysée, un simulacre que l’on contrôle de cette chose réelle, en l’occurrence le site de l’Élysée reproduit à l’identique, sauf les paramètres et les codes d’entrée que l’on a définis soi-même. En faisant basculer autrui par hameçonnage dans une simulation de sa réalité définie par nous, on devient dès lors créateur et maître de la réalité d’autrui, sans que celui-ci n’en ait forcément conscience. Plusieurs œuvres de science-fiction ou de philosophie (Philip K. Dick, Jean Baudrillard, « Matrix ») illustrent ce principe de substitution d’une simulation contrôlée et aliénée du réel au réel originel proprement dit.

Ingénierie sociale positive ou négative

En règle générale, les professionnels de la discipline (consultants, lobbyistes, spin doctors) se contentent de remplir leurs contrats et ne portent aucun jugement de valeur sur le bien-fondé des changements qu’ils travaillent à planifier, que ce soit en mode « accompagnement » ou en mode « déclenchement », comme s’il allait de soi que c’était toujours pour le meilleur et jamais pour le pire. Cette neutralité axiologique pose problème. Passé le moment de la description scientifique des phénomènes, vient le moment de la prescription éthique. Or, le changement n’est pas forcément bon en soi. On peut changer, ou faire changer, pour le Bien mais aussi pour le Mal. Nous souhaitons donc introduire ici une subdivision morale entre une ingénierie sociale positive (abrégée dans la suite du texte en IS+), car on peut faire changer un sujet pour l’améliorer, et une ingénierie sociale négative (abrégée en IS-), car on peut faire changer un sujet pour le détruire.

Le phénomène du « changement » est universel. L’altération de toute chose est inévitable. Mais il y a plusieurs sortes de changements, des rapides et des lents, plus ou moins naturels ou artificiels, etc. Nos deux formes d’ingénierie sociale se consacrent à deux formes bien distinctes du changement. Tout d’abord, il existe de nombreux processus de changement naturel et d’évolution spontanée, mais ils sont généralement lents, continus, graduels, presque insensibles, les vraies catastrophes restant rares et ponctuelles dans la nature, anormales par définition (la prédation animale s’inscrivant en fait dans un continuum). Le Taoïsme appelle ces changements lents des « transformations silencieuses ». On les observe dans la physique et la biologie mais aussi dans les sociétés traditionnelles, précapitalistes et prérévolutionnaires. L’objet de l’IS+ pourrait être de rétablir ou de faciliter ces changements naturels et sains quand ils rencontrent des obstacles. À l’opposé, l’IS- travaille au changement provoqué, non-naturel, artificiel ou artefactuel, à marche forcée, et procède par bond, rupture, « saut quantique », catastrophes, discontinuités, toutes choses qui, dans le champ politique, se trouvent aux racines communes du capitalisme et de la révolution.

Il faut l’admettre, le grand clivage de la pensée politique issue de 1789 et opposant la Droite, associée au capitalisme, et la Gauche, associée à la révolution, est en réalité trompeur. Le préalable à toute pensée politique sérieuse consiste donc à abandonner ce clivage Droite/Gauche ou, deuxième option, à réaliser la synthèse du meilleur des deux camps. Fondamentalement, la seule distinction politique pertinente s’établit entre la Vie et la Mort. Nous proposons donc de distinguer entre une IS+ orientée vers la Vie, consacrée aux processus de changements néguentropiques et structurants, et une IS- orientée vers la Mort, favorisant tous les processus de changements entropiques et dé-structurants.

 

Meziane Rahem

 

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Entretien avec Lucien Cerise auteur de "Oliganarchy" pour la revue Rébellion

 

 



En 2010, vous faisiez paraître Gouverner par le chaos – Ingénierie sociale et mondialisation chez Max Milo. Pouvez-vous revenir sur l'origine de votre réflexion et sur votre choix de l'anonymat ?

L'origine est multiple. D'abord, comme beaucoup de monde, j'ai observé chez nos dirigeants politiques, économiques et médiatiques une telle somme d'erreurs et une telle persistance dans l'erreur que j'ai été amené à me demander s'ils ne le faisaient pas exprès. En Occident, les résultats catastrophiques des orientations prises depuis des décennies sont évidents à court terme, si bien qu'on ne peut leur trouver aucune excuse. Une telle absence de bon sens est troublante. Cela induit un vif sentiment de malaise, qui peut devenir une dépression plus ou moins larvée, qui a été mon état pendant longtemps. J'en suis sorti progressivement, mais certains éléments ont été plus décisifs que d'autres pour me faire comprendre ce qui se passait vraiment et l'origine de ce malaise.


La lecture de La Stratégie du choc, de Naomi Klein, a été un choc, justement. On comprend enfin à quoi servent ce que l'on pourrait appeler les « erreurs volontaires » de nos dirigeants. Dans un premier temps, on attribue leurs erreurs à de la stupidité, ou à de la rapacité aveugle. En réalité, ces erreurs volontaires obéissent à une méthode générale tout à fait rationnelle et maîtrisée, développée sur le long terme et qui envisage positivement le rôle de la destruction. La Stratégie du choc aborde pour la première fois dans un livre pour le grand public cette doctrine de la destruction positive, qui constitue le cœur du capitalisme depuis le XVIIIe siècle et qui repose sur des crises provoquées et récupérées. Klein met cela en parallèle avec les méthodes de torture et de reconditionnement mental du type MK-Ultra, qui procèdent de la même inspiration : détruire ce que l'on ne contrôle pas, pour le reconstruire de manière plus « rationnelle » et assujettie.

En 2003, j'avais aussi fait des recherches sur le groupe de conseillers ultra-sionistes qui entourait Georges W. Bush et qu'on appelle les néoconservateurs. Je me suis plongé dans leurs publications, A Clean Break, le PNAC, ainsi que dans leur maître à penser, Leo Strauss, lequel m'a ramené sur Machiavel et sur Kojève, et sur une approche de la politique qui ne dédaigne pas le Fürherprinzip de Carl Schmitt, l'État-total cher à Hegel, ni de faire usage de « moyens extraordinaires », selon le bel euphémisme de l'auteur du Prince. De là, je suis allé voir du côté de la synarchie, avec Lacroix-Riz, puis j'ai élargi mon étude à tous ces clubs, groupes d'influence, sociétés secrètes et discrètes qui n'apparaissent que rarement dans les organigrammes officiels du pouvoir.

Par ailleurs, au cours de ces années, j'ai été en contact de deux manières différentes avec le monde du consulting, dans ses diverses branches : management, marketing, intelligence artificielle, mémétique, ingénierie sociale, cybernétique, etc. J'ai rencontré des gens qui étaient eux-mêmes consultants professionnels mais j'ai vu également l'autre côté de la barrière car j'ai subi sur mon lieu de travail des méthodes de management négatif, du même type que celles appliquées à France Telecom. Cela m'a poussé à devenir représentant syndical dans le cadre du Comité hygiène, sécurité et conditions de travail (CHSCT). Je m'étais spécialisé sur les questions de « souffrance au travail », de « burn-out », de « harcèlement moral » (cf. Hirigoyen, Dejours, Gaulejac).

À la même période, j'ai aussi commencé à m'intéresser très sérieusement à l'univers du renseignement, du lobbying, de l'influence et de la guerre cognitive, car j'envisageais de m'y réorienter pour y faire carrière (École de Guerre économique, DGSE, etc.). Pendant toute cette période, j'ai rencontré des gens et lu des publications qui m'ont beaucoup appris sur les méthodes de travail des manipulateurs professionnels, que ce soit en entreprise, en politique ou en tactique militaire, car on y rencontre les mêmes techniques et concepts : storytelling, management des perceptions, opérations psychologiques (psyops), attentats sous faux drapeau, etc.

Au début des années 2000, j'avais aussi exploré la piste du transhumanisme et du posthumanisme. J'y ai adhéré sincèrement, par déception de l'humain essentiellement, avant de comprendre que c'était une impasse évolutive. Ma formation universitaire, que j'ai débutée en philosophie et poursuivie en sciences humaines et sociales, en particulier dans la communication et la sémiotique, m'a donné les outils conceptuels pour synthétiser tout cela. Donc, pour revenir à la question « Nos dirigeants font-ils exprès de commettre autant d'erreurs ? », après vérification, je peux confirmer que oui, et que cela obéit même à une méthodologie extrêmement rigoureuse et disciplinée. Il existe une véritable science de la destruction méthodique, qui s'appuie sur un art du changement provoqué, et dont le terme générique est « ingénierie sociale ». (J'ai introduit par la suite une nuance entre deux formes d'ingénierie sociale, mais nous y reviendrons.)

Pourquoi l'anonymat ? Et j'ajoute une question : pourquoi suis-je en train de le lever plus ou moins ces temps-ci ? Pour tout dire, je me trouve pris dans une double contrainte. Je n'ai aucune envie d'exister médiatiquement ni de devenir célèbre. Une de mes maximes personnelles est « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Je préfère être invisible que visible. En même temps, quand on souhaite diffuser des informations, on est contraint de s'exposer un minimum. Or, je veux vraiment diffuser les informations contenues dans Gouverner par le chaos (GPLC), ou dans d'autres publications qui ne sont pas forcément de moi. Je ne vois personne d'autre qui le fait, alors j'y vais. Je pense qu'il est indispensable de diffuser le plus largement possible les méthodes de travail du Pouvoir. J'ai un slogan pour cela : démocratiser la culture du renseignement.
Une autre raison à l'anonymat est de respecter le caractère collectif, ou collégial, de GPLC. Plusieurs personnes ont participé plus ou moins directement à son existence : inspiration, rédaction, médiatisation, etc. J'avoue en être le scribe principal, mais sans la contribution d'autres personnes, ce texte n'aurait pas existé dans sa forme définitive.

Que pensez-vous de la production du « Comité invisible » et de la revue Tiqqun ? L'affaire de Tarnac marque-t-elle une étape supplémentaire dans la manipulation des esprits et de la répression du système contre les dissidents de celui-ci ?

J'ai lu tout ce que j'ai pu trouver de cette mouvance situationniste extrêmement stimulante. Leurs textes proposent un mélange bizarre d'anarchisme de droite, vaguement dandy et réactionnaire, tendance Baudelaire et Debord, avec un romantisme d'extrême ou d'ultra gauche parfois idéaliste et naïf. Le tout sonne très rimbaldien. La vie de Rimbaud, comme celle d'un Nerval ou d'un Kerouac, combine des tendances contradictoires : la bougeotte du nomade cosmopolite avec la nostalgie d'un retour au réel et d'une terre concrète dans laquelle s'enraciner ; mais aussi une soif d'action immanente et révolutionnaire coexistant avec le mépris pour tout engagement dans le monde et la fuite dans un ailleurs fantasmé comme plus authentique. Une constante de ce « topos » littéraire, c'est que l'étranger est perçu comme supérieur au local. Ceci peut conduire à une sorte de masochisme identitaire, une haine ou une fatigue de soi qui pousse à rejeter tout ce que l'on est en tant que forme connue, majoritaire et institutionnelle, au bénéfice des minorités ou des marginaux, si possible venant d'ailleurs. Il y a une sorte de foi religieuse dans les « minorités », desquelles viendrait le Salut, croyance entretenue par de nombreux idéologues du Système, de Deleuze et Guattari à Toni Negri et Michael Hardt, en passant par la rhétorique des « chances pour la France ». Dans L'Insurrection qui vient, les lumpen-prolétaires animant les émeutes de banlieue en 2005 sont idéalisés de manière assez immature (et apparemment sans savoir que des agitateurs appartenant à des services spéciaux étrangers, notamment israéliens et algériens, s'étaient glissés parmi les casseurs).

Pour recentrer sur le corpus de textes en question, aujourd'hui je n'en retiens que le meilleur, le côté « anar de droite », c'est-à-dire une critique radicale et profonde du Capital, de la Consommation et du Spectacle mais qui reste irrécupérable par la gauche capitaliste, libertaire, bobo, caviar, sociétale, bien-pensante et « politiquement correcte ». De Tiqqun, je retiens donc surtout la « Théorie de la Jeune-Fille », texte absolument génial et très drôle. On y trouve des références à l'historien de la publicité Stuart Ewen, dont les recherches montrent comment le féminisme et le jeunisme furent dès les années 1920 les outils du capitalisme et de la société de consommation naissante aux USA.

En outre, je suis très travaillé par la question du rapport entre le visible et l'invisible. J'ai beaucoup « mangé » de phénoménologie pendant mes études de philo, comme tous les gens de ma génération : Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty, Michel Henry, etc. Cette dialectique visible/invisible recoupe aussi le couple « voir et être vu » des théories de la surveillance, de Jeremy Bentham à Michel Foucault, et fait également écho au champ lexical du situationnisme. Et là on revient dans l'univers du Comité invisible.

Sur l'affaire de Tarnac proprement dite. Il se trouve que j'ai croisé certaines personnes de cette mouvance en diverses occasions, sans jamais faire partie directement de leur carnet d'adresses. J'évoluais à peu près dans les mêmes réseaux et la même nébuleuse dans les années 2000-2005, entre les squats, les revues, les collectifs et l'université de Paris 8 (Vincennes/Saint-Denis). Je me suis donc senti visé par l'affaire de Tarnac, dont le seul avantage a été de faire progresser la critique de la criminologie, en particulier dans sa forme actuarielle.

La science actuarielle consiste à calculer le potentiel de dangerosité et à prendre des mesures par anticipation. Sur ce sujet, il faut lire notamment Bernard Harcourt, dont voici l'extrait d'une interview sur le sujet :
« La dangerosité, écrivait il y a plus de 25 ans Robert Castel dans un livre prémonitoire intitulé La Gestion des risques ; la dangerosité, écrivait-il, est cette notion mystérieuse, qualité immanente à un sujet mais dont l'existence reste aléatoire puisque la preuve objective n'en est jamais donnée que dans l'après-coup de sa réalisation. Le diagnostic qui est établi est le résultat d'un calcul de probabilité ; la dangerosité ne résulte pas d'une évaluation clinique personnalisée, mais d'un calcul statistique qui transpose aux comportements humains les méthodes mises au point par l'assurance pour calculer les risques. D'où une nouvelle science (et retenez bien ce mot) : la science actuarielle. »

Globalement, la présomption d'innocence est inversée en présomption de culpabilité. Ce n'est plus au procureur d'apporter la preuve que vous êtes coupable, c'est à vous d'apporter la preuve que vous êtes innocent. Votre « dangerosité évaluée » et votre « potentiel criminel » suffisent à déclencher la machine judiciaire et à faire s'abattre sur vous le GIGN ou le RAID. La « menace terroriste », dont Julien Coupat et ses amis ont été accusés, s'inscrit complètement dans ce dispositif qui permet de criminaliser à peu près quiconque ne pense pas « correctement », tel qu'un Varg Vikernes, le Norvégien établi dans un village de Corrèze (lui aussi !) avec femme et enfants et suspecté de « nazisme ».

L'accusation purement médiatique autorise parfois le Pouvoir à tuer arbitrairement et sans procès, comme on l'a vu avec Mohamed Merah, qui n'a jamais été identifié légalement et formellement comme l'auteur des meurtres de Toulouse, mais qui a été pourtant bel et bien assassiné. Dans un état de droit, la culpabilité d'un accusé émerge au cours d'un procès équitable et contradictoire pendant lequel on apporte les preuves de la culpabilité si elles existent. Il semble que cela soit devenu superflu quant au traitement des prétendus « islamistes », que ce soit en France ou à Guantanamo. Pour tous ceux qui sont tués pendant leur arrestation, nous ne saurons donc jamais s'ils étaient coupables dans le monde réel, et pas seulement dans celui des médias !

Dans la série des montages politico-médiatiques visant à terroriser la population, passons rapidement sur l'affaire Clément Méric, dont l'objectif semblait être de faire exister une « menace fasciste » émanant d'une « droite radicale » pourtant très assagie. Et pour revenir à Tarnac, si le montage s'est effondré rapidement, c'est parce que les inculpés disposaient de soutiens dans l'intelligentsia parisienne ; sans cela, il y a fort à parier qu'ils seraient passés à la postérité comme des terroristes d'ultragauche avérés. Le cauchemar de science-fiction imaginé par Philip K. Dick et transposé au cinéma dans Minority report est devenu réalité. On pense aussi au chef d'œuvre absolu de Terry Gilliam, Brazil.

Pour vous, le contrôle des masses a profondément changé avec l'apparition de l'ingénierie sociale. Que recouvre ce terme selon vous ?

Il y a plusieurs définitions de l'ingénierie sociale. On peut les trouver en tapant sur Google. Certaines universités proposent un diplôme d'État d'ingénierie sociale (DEIS) et donnent quelques descriptions sur leurs sites. Il existe aussi de nombreuses publications, des articles sur la sécurité informatique, de la littérature grise, des manuels de sociologie et de management, des rubriques d'encyclopédies, etc.
Je propose la synthèse suivante de toutes ces définitions : l'ingénierie sociale est la modification planifiée du comportement humain.

Il est difficile de fixer une date précise à l'apparition du terme. En revanche, l'intuition qui est derrière, en gros la mécanisation de l'existence, remonte probablement à l'apparition des premières villes en Mésopotamie et dans l'Égypte pharaonique, vers 3000 avant J.-C. Je pense aux premiers centres urbains rassemblant plusieurs milliers de personnes dans une structure différenciée et néanmoins relativement unifiée sous un seul nom qui en définit les contours.

L'échelle du village et de l'artisanat n'est pas suffisante pour percevoir l'existence comme un mécanisme. Le passage des sédentaires ruraux aux sédentaires urbains a fait émerger la première représentation des groupes humains comme étant des objets automates, ou du moins automatisables dans une certaine mesure. En adoptant le point de vue surplombant qui était celui des premiers oligarques du Proche-Orient, une ville ressemble assez à une grosse machine : une horloge, ou un ordinateur, au risque de l'anachronisme. Quand les intellectuels de l'époque, c'est-à-dire les prêtres, ont eu sous leurs yeux les premières villes, donc les premiers mécanismes d'organisations humaines complexes, l'idée du contrôle et de la prévisibilité de ces mécanismes a nécessairement germé en eux. Quelques siècles plus tard, Platon invente le terme de cybernétique, ou l'art du pilotage. L'alchimie et la franc-maçonnerie sont les héritières spirituelles de ces premières observations, avec leurs métaphores physicalistes et architecturales récurrentes.

Le fil conducteur de cette tradition rationaliste en politique est la réduction de l'incertitude, qui est l'objectif poursuivi par tout gestionnaire de système. Quand il s'agit d'un système vivant, cet objectif peut avoir des effets sclérosants et meurtriers. Je ne suis pas loin de partager le point de vue radical de Francis Cousin, à savoir que nos problèmes ont commencé au néolithique !

Cependant, inutile de remonter aux chasseurs-cueilleurs pour retrouver le « paradis perdu ». L'échelle rurale et villageoise, voire la petite agglomération urbaine, me paraissent suffisants pour une relocalisation autogestionnaire satisfaisante qui permette d'éviter certaines pathologies du contrôle à distance. La nouveauté au XXe siècle vient de ce que l'on passe d'un contrôle social par l'ordre à un contrôle social par le désordre. L'ordre par le chaos.

Je fais remonter le projet concret de la gouvernance par le chaos à l'invention du « capitalisme révolutionnaire » entre 1750 et 1800, c'est-à-dire un capitalisme provoquant des révolutions pour faire avancer son agenda. Mais il a fallu attendre les années 1960 pour fabriquer le consentement total des masses au capitalisme en l'introduisant dans les mœurs sous les termes de « libertarisme » ou d'« émancipation des minorités ».

En France, l'événement fondateur de cet arraisonnement complet des masses par le Capital et sa gouvernance par le chaos fut Mai 68. Il faut voir le documentaire Das Netz, de Lutz Dammbeck, qui fait la jonction entre les projets de contrôle social issus de la cybernétique dans les années 1950 et l'émergence dix ans plus tard de la contre-culture pop anglo-saxonne, comme par hasard. Les preuves existent que la contre-culture était un outil du Capital pour produire de l'entropie sociale. On pense au financement de Pollock par la CIA, ou encore à ce que rapporte Mathias Cardet dans L'Effroyable Imposture du rap. À partir des années 1960, donc, une idéologie dominante fondée sur des principes d'anarchie, d'individualisme, d'anomie, d'hédonisme et de « jouissance sans entrave » s'est diffusée dans toute la sphère culturelle occidentale, préparant le tsunami de pathologies mentales et sociales qui nous submerge depuis les années 1980 : dépressions, vagues de suicides, violences conjugales, épidémie d'avortements de confort, enfant-roi hyperactif, délinquance juvénile, toxicomanies, criminalité sociopathe, obésité, cancers, pétages de plombs divers qui finissent en bain de sang, etc.

Cette idéologie dominante individualiste et an-archique, voire acéphale, commune à la gauche libertaire et à la droite libérale, n'a qu'un but : faire monter l'entropie, c'est-à-dire le désordre et le déséquilibre dans les groupes humains, pour les disloquer, les atomiser et améliorer l'asservissement des masses en rendant leur auto-organisation impossible. Diviser pour régner. Pousser les masses à « jouer perso », les éduquer au « chacun pour soi », pour enrayer la force des collectifs. Donc dépolitiser. En effet, le geste fondateur du phénomène politique consiste à soumettre la liberté individuelle à l'intérêt collectif. En inversant les priorités par le sacrifice de l'intérêt collectif sur l'autel de la sacro-sainte liberté individuelle, l'ingénierie sociale du Capital paralyse et sape ainsi toute capacité organisationnelle concrète. Comme on le voit, le capitalisme contrôle les masses par le désordre. Le véritable anticapitalisme, c'est donc l'ordre. La rébellion, la dissidence, la résistance, la subversion, c'est l'ordre.

La psychanalyse semble avoir un rôle ambivalent dans ce phénomène. Quelle est votre opinion sur cette école (sur Freud, Jung ou Lacan) ?

La psychanalyse passe son temps à rétablir du surmoi, c'est-à-dire de l'ordre, de l'autorité morale, des limites comportementales et de la stabilité mentale. Elle est donc l'ennemie du capitalisme. Mais elle est perçue aussi comme une ennemie par les religions, car elle leur fait concurrence dans une certaine mesure. Donc, tout le monde la déteste et la passe en procès.

Le problème, c'est que ce mauvais procès fait à la psychanalyse n'est pas toujours très cohérent. On dit simultanément : « La psychanalyse ne marche pas » et « La psychanalyse détruit les êtres qui s'y adonnent ». Il faudrait choisir. Les deux accusations sont mutuellement incompatibles sur le plan strictement logique. Si elle ne marchait pas, elle n'aurait aucun effet, même pas destructeur. Ce serait un facteur nul, un zéro, ni « plus », ni « moins ». En fait, la psychanalyse marche, raison pour laquelle elle peut effectivement détruire les gens qui sont sous son influence. Ses applications excèdent le cadre de la thérapie et se retrouvent aussi beaucoup en management, en marketing et, ce que l'on sait moins, en sécurité informatique, dans sa branche ingénierie sociale, justement.

Le fait que Freud ait été chez les B'nai B'rith est une raison supplémentaire pour s'informer sur les méthodes de manipulation et de déconstruction psychologique qui nous sont appliquées. C.-G. Jung est indispensable à connaître également, mais Jacques Lacan est encore plus précis et nous propose une vraie boîte à outils permettant d'agir directement sur soi ou sur autrui. Pour user de métaphores biologiques ou informatiques, la psychanalyse lacanienne, et le structuralisme en général, donnent accès au « code génétique », ou au « code source » de l'esprit et de la société.

Par exemple, un mathème lacanien, le schéma R (pour Réalité), modélise le mécanisme de la construction de confiance, qui est exactement le même que le mécanisme de la construction de la réalité : on peut donc appliquer ce schéma pour abuser de la confiance d'autrui en lui créant une réalité virtuelle, ou à l'inverse pour empêcher la construction de confiance, en soi ou en autrui, et ainsi empêcher la construction d'une réalité viable et habitable. Si vous observez les choses de près, vous trouverez l'équation « confiance = réalité ». Quand la confiance disparaît, c'est la réalité qui s'effondre. En revanche, si vous me faites confiance, je commence à construire votre réalité.

On voit le danger : si la psychanalyse dévoile et met à nu les règles de base de la construction de la réalité, du psychisme et de la vie en société, elle peut être utilisée également pour déconstruire la réalité, le psychisme et rendre impossible la vie en société. Comment ? En jouant sur l'Œdipe, c'est-à-dire le sens dialectique. Je détaille.

Une société possède nécessairement des différences. Une société parfaitement homogène n'existe pas. Or, la gestion des différences, leur articulation fonctionnelle et organique, ne se fait pas toute seule. L'articulation des différences porte un nom : la dialectique. La dialectique, cela s'apprend. Les différences premières, fondatrices de toute société, se résument par un concept : le complexe d'Œdipe. Ce sont les différences hommes/femmes et parents/enfants (par extension jeunes/vieux). Ces différences sont néanmoins articulées et fonctionnent ensemble, de manière organique, au sein de la famille. Le schéma familial offre ainsi le modèle originel du fonctionnement de tout groupe social : des différences respectées, on ne fusionne pas, mais fonctionnant ensemble.

Si on n'intériorise pas ce premier système de différences articulées, on ne peut pas en intérioriser d'autres et on développe des problèmes d'identité et d'adaptation sociale. En effet, l'identité est à l'image du système social : dialectique. Je ne sais qui je suis que par opposition et différenciation. L'identité, la construction identitaire, repose donc sur la position d'une différence première, originelle, fondatrice. Pour que je puisse agir dans le monde et me socialiser normalement, je dois donc sortir du flou identitaire pré-œdipien, le flou fusionnel qui précède la perception des différences.

Dans sa vidéo de janvier 2013, Alain Soral et son équipe rapportent un document stupéfiant. À l'occasion d'une audition sur le projet de « mariage pour tous », l'anthropologue Maurice Godelier préconisait de remplacer les termes « père » et « mère » par le terme générique de « parents ». D'après lui, le mot « parent », qui peut désigner simultanément le père, la mère, comme le grand-père et la grand-mère, présente ce double avantage d'effacer la différence des sexes et d'effacer la différence des générations. Quiconque possède quelques éléments d'anthropologie ou de psychanalyse repère immédiatement où Godelier veut en venir : produire intentionnellement du flou identitaire, donc de la psychose, en effaçant le complexe d'Œdipe, les différences hommes/femmes et parents/enfants, donc les différences au sein de la famille, et par extension au sein de la société.

En fait, les différences persistent dans le réel, mais elles ne sont plus perçues, ni intériorisées. Si les différences ne sont plus perçues, les identités non plus. Cette incapacité à percevoir, intérioriser et gérer les différences et les identités porte un nom : la psychose, le flou identitaire. « Je ne sais pas qui je suis parce que je ne sais pas ce qui est en face de moi. » Godelier et les partisans de la théorie du genre, qu'il faudrait renommer « théorie de la confusion des genres », cherchent à produire du flou identitaire chez les enfants, et pourquoi pas chez les adultes. Ils cherchent donc à produire des handicapés mentaux, incapables de se socialiser. Ils cherchent à créer des problèmes d'identité et à générer des pathologies mentales et sociales, qui finiront en suicides, en meurtres ou en toxicomanies de compensation.

L'effacement des différences fondatrices, c'est l'effacement des limites, de toutes les limites. L'objectif, c'est la plasticité identitaire infinie, qu'on renommera « liberté identitaire infinie » pour mieux hameçonner la proie avec une accroche désirable, au prix de l'émergence de nouvelles souffrances. Toujours dans sa vidéo de janvier 2013, Soral remarquait fort justement que « la liberté, c'est la folie ». C'est bien de cette folie que Deleuze et Guattari se sont faits les chantres à partir de L'Anti-Œdipe, cette bible de l'antipsychiatrie dont le sous-titre est « Capitalisme et schizophrénie ». Publié en 1972, ce texte a profondément marqué la pensée libertaire. Il y est fait une apologie de la schizophrénie comme étant le parachèvement du capitalisme en tant que libération de toutes les structures et affranchissement de toutes les limites psychiques, comportementales et identitaires. L'alliance objective entre libertarisme et libéralisme est donc conclue officiellement et revendiquée depuis une bonne quarantaine d'années.

Une liberté sans limite rend fou et empêche donc la socialisation. À l'opposé, la psychanalyse tourne entièrement autour de cet adage : « Ma liberté s'arrête où commence celle des autres. » La limite, le surmoi dans le jargon freudien, a un effet positif et négatif en même temps. La limite réprime l'expression libre du désir. Apprendre à vivre en société, c'est apprendre qu'on ne fait pas ce qu'on veut et qu'il y a des limites à respecter. Il y a des bornes à l'expression de mon désir, il y a des règles, des lois, des structures, des cadres, des interdits à respecter et sans lesquels la société ne peut pas fonctionner. Cette répression de la liberté du désir permet donc de vivre en société, mais induit également une frustration. Cette frustration peut s'accumuler, s'enkyster, et devenir une névrose. C'était la pathologie la plus courante jusque dans les années 1970. L'ordre social exercé par une autorité morale et l'intériorisation d'une limite (un Père ou un phallus symbolique) était simultanément répressif et socialisant, frustrant et structurant, névrotique et normatif. C'était le mode de socialisation normal dans l'espèce humaine, avec des avantages et des inconvénients. C'est la gouvernance par l'ordre, par l'imposition de limites rigides à ne jamais dépasser, sous peine de punition.
Cet ordre ancien, celui de notre espèce et de ses constantes anthropologiques depuis ses origines, est aujourd'hui attaqué. L'Occident postmoderne a vu naître un « ordre nouveau », un mode de gouvernance par le chaos qui est une forme de contrôle social entièrement neuve consistant à lever toutes les limites et à laisser le désir s'exprimer librement. Dans un premier temps, on a l'impression de respirer enfin, on s'amuse, sans le surmoi phallique et surplombant. Le problème, quand on tue le Père, c'est qu'on est récupéré par la Mère, qui est en réalité tout aussi despotique que le Père. En Mai 68, Lacan disait à ses étudiants libertaires : « Vous aussi, vous cherchez un maître. » En l'occurrence, une Maîtresse, car la libre expression du désir, sans plus aucune limite ni structure, est le mode d'être hystérique, puis pervers, puis psychotique. Sans répression du désir, pas de sublimation, pas de symbolisation, pas de structuration psychique et comportementale possible, pas d'accès au langage et à la dialectique articulée.

Il existe donc une véritable ingénierie psychosociale de la levée des limites, de la transgression des interdits, des lois, des tabous et de l'abolition des frontières, donc une ingénierie de la désocialisation, de l'ensauvagement, de la déstructuration des masses et de la régression civilisationnelle provoquée, en un mot une ingénierie de la dés-œdipianisation, mise en œuvre par des gens qui savent exactement ce qu'ils font, grâce ou à cause de Freud et Lacan (Jung n'ayant pas reconnu le caractère fondateur de l'Œdipe et de la limite), qu'il s'agisse de psychanalystes à proprement parler ou d'auteurs imprégnés de psychanalyse. La théorie de la confusion des genres n'est qu'un outil de cette offensive du Capital pour transformer l'humain en une matière plastique modelable à l'infini, fluidifier toutes les structures comme le recommande l'Institut Tavistock, afin de parvenir à la « société liquide » décrite par Zygmunt Bauman.

Le résultat de cette déshumanisation, ou dés-hominisation, c'est ce que d'autres psys dénoncent, dont Julia Kristeva, dès les années 1980 dans Les Nouvelles Maladies de l'âme, ou l'Association lacanienne internationale (ALI), notamment Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun dans L'Homme sans gravité : l'explosion de ces pathologies très contemporaines, dépression, perversion, toxicomanie, hystérie banalisée, « psychoses froides », « états limites », « borderline », sociopathie, psychopathie. On lira aussi Dominique Barbier, Dany-Robert Dufour ou Jean-Claude Michéa.

Vous évoquiez dans un de vos récents textes « l'industrie du changement ». Qui sont pour vous ces « faiseurs » des bouleversements que nous subissons ? Que recherchent-ils ?

À l'occasion d'un séminaire auquel j'ai assisté, un consultant spécialisé en conduite du changement nous avait dit que son entreprise travaillait à « industrialiser la compétence relationnelle ». Les changements provoqués au moyen de crises dirigées ne servent donc pas à améliorer le fonctionnement des choses, mais à l'industrialiser, c'est-à-dire à le rationaliser, le standardiser, l'automatiser. Cela consiste à changer d'échelle de production et de contrôle. Quand on passe de l'artisanat à l'industrie, on passe aussi d'une production locale à une production globale. La production locale est décentralisée, enracinée, contextualisée, démocratique, quand la production globale est centralisée, déracinée, décontextualisée, oligarchique. L'industrie du changement consiste à transférer tout le contrôle de la production de l'échelle locale à l'échelle globale. La gouvernance par le chaos consiste à détruire le pilotage local et autonome de l'existence pour le remplacer par un pilotage global et hétéronome, toujours à distance.

En géopolitique, la transitologie est la discipline qui traite du « regime change », les changements de régime que l'Empire américano-israélien cherche à produire dans les pays arabo-musulmans, et un peu partout en fait, pour s'approprier le pilotage à distance de ces pays. En dernière instance, le but recherché est la modification de la structure générale des relations humaines : passer d'un lien social normal, fondé sur l'altruisme, l'empathie et la mutualité, à un lien social sociopathe, retravaillé par le capitalisme et le libertarisme, fondé sur la liberté individuelle. C'est ça, l'industrialisation de la compétence relationnelle. Concrètement, cela donne le « mariage homo », la GPA, soit la location du ventre des femmes, la PMA, soit le commerce des enfants, et pour finir l'euthanasie pour tous.

En fait, le « comment ? », la méthode appliquée, m'intéresse plus que le « qui ? », l'identité. En outre, la réponse au « comment ? » donne la réponse au « qui ? » Donc, qui sont les faiseurs des bouleversements pathogènes que nous subissons ? Réponse : tous ceux qui appliquent la méthode générale de bouleversement contrôlé. En gros, ce sont tous les acteurs du capitalisme et des révolutions de rupture, dont 1789 et 1917 sont les prototypes, et dont les « révolutions colorées », de Mai 68 au « printemps arabe », sont les prolongements, jusqu'en Libye et en Syrie aujourd'hui. Ces acteurs du capitalisme sont secondés par ce que l'on dénommait jadis les conseillers en propagande du Prince, et qu'on appelle aujourd'hui des spin doctors, des consultants, des influenceurs, des communicants, bref tous ceux qui travaillent à faire du storytelling et de la désinformation dans des entreprises, des think tanks, des lobbies, des médias, des services de renseignement, des sociétés de pensée plus ou moins ésotériques.

Cette stratégie du choc amène la notion de chaos que vous utilisez pour définir la logique du système. Pouvez-vous revenir sur la généalogie de cette soif de destruction de l'oligarchie mondiale ?

La pulsion de mort est largement partagée dans l'espèce humaine. Il semble néanmoins que certains groupes sociologiques l'actualisent davantage que d'autres. En termes de topologie structurale lacanienne, la destruction est une place à occuper, et en termes de psychologie archétypale jungienne, le Destructeur est un rôle à endosser. La question qui me vient tout de suite est : qui occupe cette place dans mon environnement immédiat, que je puisse m'en protéger ?

Si l'on fait une généalogie de la destruction en Occident, on arrive à un résultat qui n'est pas « politiquement correct ». Une histoire des idées impartiale montre que, sous nos latitudes monothéistes, le premier exposé d'un programme politique fondé sur la destruction est déposé dans le texte que les juifs appellent la Torah, et les chrétiens le Pentateuque. Pour certaines personnes, détruire est donc un commandement divin, consigné noir sur blanc dans des textes sacrés. Un échantillon :

Deutéronome : chapitre 20, versets 10 à 16.

« Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton Dieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livrés. C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi, et qui ne font point partie des villes de ces nations-ci. Mais dans les villes de ces peuples dont l'Éternel, ton Dieu, te donne le pays pour héritage, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire. »

Cela dit, personne ne détient le monopole de la pulsion de mort. Le Japon ou la Corée du Sud connaissent des processus d'auto-génocide liés au « tout technologique ». Certaines régions d'Orient et d'Asie sont à la pointe de tous les délires post-humains et cybernétiques ; on y parle sérieusement de clonage reproductif ou de remplacement du peuple par des robots, ce genre de choses.

Je pense que la soif de destruction et d'autodestruction remonte en fait à un profil psychologique qui porte au moins trois noms : sociopathe, psychopathe, pervers narcissique. Le psychiatre polonais Lobaczewski est l'un des premiers à l'avoir étudié et il en a tiré une science, la ponérologie, ou la science du Mal. Je suis extrêmement convaincu par ce modèle ; pour ma part, je situe l'origine du Mal sur Terre dans ce profil psychologique sociopathe. Sa caractéristique est l'absence d'empathie, ce qui le conduit à traiter autrui comme un objet, un moyen, et à le chosifier. On peut rencontrer ce profil psychologique dans toutes les cultures, mais il semble néanmoins que certaines conjonctures favorisent son apparition. Notamment, les environnements socioculturels marqués par les thèmes de la destruction et du génocide sont, par excellence, des fabriques de sociopathes.

Comment voyez-vous l'évolution des révoltes en Europe ? L'Union Européenne va-t-elle être amenée à durcir son emprise sur les États et les peuples ?

La Commission européenne a perdu la bataille des idées. L'Union européenne est aujourd'hui reconnue pour ce qu'elle est : une dictature des banques et des lobbies. Et c'est tout. Les dirigeants politiques que l'on a fait sauter en Grèce ou en Italie pour les remplacer par des cadres de Goldman Sachs, ou encore les directives de la PAC aux ordres de Monsanto, telles que le Catalogue des semences autorisées et le Certificat d'obtention végétale, trahissent le vrai projet totalitaire de l'UE (sans compter les dénis de démocratie référendaire).

 

Mais les technocrates de Bruxelles vont refuser de nous laisser sortir de la prison qu'ils ont construite, et qui va se transformer progressivement en un camp de concentration aux dimensions d'un continent. Pour fabriquer notre consentement au pyjama rayé et tenter de conserver les apparences de la démocratie, la Commission européenne va donc nous livrer une guerre cognitive sans merci pour nous convertir de force à l'idéologie euro-régionaliste et surtout construire notre acceptation à la baisse du niveau de vie et aux souffrances qui vont nécessairement avec.

 

La dernière mouture de cette guerre culturelle, je l'ai vue sur Internet exprimée par un membre du Front de gauche. Il ne s'agit plus de dire : « L'Union européenne, c'est bien », car tout le monde éclate de rire. Il s'agit de dire : « L'Union européenne n'a aucune influence, et les États-nations sont toujours aussi souverains qu'avant. » On le voit, les éléments de langage ont changé, mais en pire. De la tentative de persuasion d'un mensonge, on passe à la négation pure et simple du réel. Autrement dit, on institue la psychose, l'hallucination. C'est ce genre de déni de réalité psychotique qui risque de se généraliser, au moyen de relais dans la population. Une information récente annonçait que l'UE avait l'intention de financer des brigades de « trolls » sur les forums Internet pour contrer les eurosceptiques qui s'y expriment. Ce ne sera évidemment pas suffisant et il y aura des tentatives pour criminaliser la simple expression de la critique de l'UE ou des projets pour en sortir, par exemple interdire l'expression du nationalisme en essayant de l'amalgamer au racisme ou à l'antisémitisme.

 

Tout ça pour rien puisque nous sortirons de l'UE et de l'euro nécessairement un jour ! Dans les années 1980, l'Union soviétique, l'une des pires dictatures de l'Histoire, donnait l'impression de pouvoir durer encore très longtemps. Et puis ça n'a duré que 70 ans. De sorte à hâter notre processus de sortie de l'UE et de l'euro, il faut donc communiquer dès à présent sur l'après-Union européenne et l'après-euro. Préciser que la question n'est pas « si », mais « quand » nous sortons de l'UE. Pour ce faire, il faut communiquer autour de nous sur le retour aux monnaies nationales et aux États-nations. La création de monnaies locales ou alternatives est une idée séduisante, mais je crains que l'échelle de développement soit trop faible pour offrir un contre-pouvoir efficace au rouleau compresseur globaliste. En outre, si ces monnaies locales cohabitent avec l'euro, elles resteront indexées dessus forcément, et ne serviront donc à rien.

 

Vous distinguez ingénierie sociale négative et ingénierie sociale positive. Cette dernière est-elle un élément possible pour la résistance au système ?

 

L'ingénierie sociale négative (IS-), c'est la méthode générale de production de crise. À l'inverse, l'ingénierie sociale positive (IS+), c'est la méthode générale de sortie de crise. Le point de départ de toute l'IS+, c'est donc la stabilité de l'humeur. Pour sortir de la crise, il faut déjà l'expulser en dehors de soi. C'est une sorte d'exorcisme : « Vade retro chao ! Sors de ce corps ! » C'est la base, sans laquelle on ne peut rien commencer, ni rien reconstruire ou reconquérir.

 

La stabilité de l'humeur, c'est aussi la lucidité. La crise, c'est la perte de lucidité, quand tout est instable, à court terme, émotionnel ou instinctif ; la sortie de crise consiste donc à reconstituer de la stabilité, de la maîtrise émotionnelle et une vision à long terme. La maîtrise du tonus émotionnel est essentielle en IS+, c'est par là qu'il faut commencer, car cette disposition permet de rester lucide et de durer. « Résistance » est synonyme de « durabilité ». Dans un rapport de forces, la seule chose qui compte est de durer. Celui qui gagne, c'est celui qui dure plus longtemps que l'autre. Il faut donc aussi savoir s'économiser, selon le proverbe « Qui veut aller loin, ménage sa monture ». Dans un système de domination fondé sur l'hystérie, la crise, l'anarchie, le chaos et l'instabilité émotionnelle, le premier geste de la résistance au système, le premier geste de l'IS+, c'est la stabilisation de l'humeur, l'équanimité, l'impassibilité. La virilité, en un mot. Rester zen en toutes circonstances et prêcher par l'exemple, de sorte à contaminer positivement son entourage et son environnement. Le reste suivra. Tout ce qui est stable est anticapitaliste et antimondialiste. Pour reprendre le concept de Base Autonome Durable, il faut non seulement bâtir des BAD, mais il faut devenir soi-même une BAD.

 

On peut s'inspirer de la manière dont le Kremlin gère la crise syrienne, ou comment Obama et Brzezinski gèrent le lobby israélien aux USA depuis quelques années. Il s'agit de calmer le malade. Pour cela, s'inspirer des techniques employées par la psychiatrie et la psychanalyse : dans la mesure du possible, ne pas répondre au délire, le laisser se vider et s'épuiser de lui-même. Si l'on est obligé de répondre au délire, alors on peut aller dans son sens, dire « Oui, oui, vous avez raison », mais sans le prendre au sérieux et continuer d'agir contre lui.

 

Précisons une chose : pour se faire accepter, l'IS- est toujours obligée d'avancer masquée, de mentir, de hameçonner (le « phishing »). Le Pouvoir nous plonge dans un monde invivable, entièrement chaotique, où rien n'est prévisible et où sont entretenus volontairement l'insécurité, la délinquance, le crime ainsi que tout ce qui est anxiogène et facteur de précarité socioéconomique et mentale. Mais pour faire passer plus facilement ce génocide en cours, on convoque les notions de justice et d'égalité, qui ne servent ici que de hameçons. Le mensonge, la simulation, le simulacre, sont donc structurels en IS-. À l'opposé, l'IS+, la sortie de crise, c'est donc non seulement la reconstruction de sécurité et de stabilité, mais aussi le simple fait de dire la vérité. Parfois, il faut ruser, en fonction du rapport de forces. Ruser, c'est-à-dire faire du contre-phishing, du contre-hameçonnage. Contourner la censure réclame parfois des acrobaties sémantiques. L'IS-, en tant que cheval de Troie de la destruction, c'est « un faux bien pour un vrai mal » : on prétend dire la vérité pour faire passer une fiction. L'IS+, en tant que cheval de Troie inversé, cela peut être « un faux mal pour un vrai bien » : on utilise la fiction pour faire passer la vérité.

 

Face à la domination globalisée du Capital, quelles voies individuelles et collectives nous reste-t-il pour vaincre ?

 

Il faut s'engager dans tous les démarches qui reconstituent de la souveraineté, à tous les sens du terme : alimentaire, énergétique, économique, politique et cognitif. La souveraineté, c'est-à-dire l'autonomie, est anticapitaliste par définition. La définition du capitalisme c'est « Tout système où l'argent est la valeur suprême ». Si vous mettez une valeur au-dessus de l'argent, l'État-nation par exemple, vous sortez techniquement du capitalisme. Le capitalisme ne tolère aucune frontière ni aucun protectionnisme car il est, par nature, supranational, transnational, multinational, voire international, selon la définition de ce terme. La base de la base, le plus facile à faire, c'est de commencer à reconquérir sa souveraineté cognitive en mettant la télévision à la poubelle et en se coupant totalement et définitivement des gros médias de désinformation. Ensuite, pour la souveraineté économique, ne souscrire aucun crédit et laisser le moins d'argent possible à la banque. Il faut avoir le maximum en petites coupures, en or, en objets, ou sur un compte hors de la zone euro.

 

Il y a une guerre à mener. Une guerre culturelle et cognitive, une guerre des idées et des cerveaux, une guerre des mots et des représentations, et nous pouvons en devenir les soldats. Il faut donc créer des synergies autour d'un projet commun : la lutte contre le mondialisme. Des nuances existent dans cette lutte, mais concentrons-nous sur ce qui nous rassemble. À cette fin, nous devons devenir des propagandistes du quotidien. Toutes les occasions sont bonnes pour diffuser des idées : cercle d'amis, famille, épicier, travail, inconnus dans la rue, forum Internet, Facebook, etc. Ne pas craindre de passer pour monomaniaque. De toute façon, c'est une question de survie. Parfois il faut ruser, et ne pas attaquer frontalement mais adopter une stratégie indirecte. Il peut être opportun d'infiltrer des mouvements pour essayer de les retourner en y faisant de l'influence. Entrisme et noyautage, à l'UMPS ou ailleurs.

 

Dans tous les cas, afin de hâter les événements au moyen d'énoncés performatifs à fonction de prophéties auto-réalisatrices, il faut « communiquer » sur le retour protectionniste des frontières et sur l'après-Union européenne, par exemple, mais aussi communiquer sur l'après-Empire américano-israélien, pour le faire tomber plus vite, ainsi que sur l'après-nihilisme et le retour aux vraies valeurs structurantes : méritocratie, patriotisme économique, sens du collectif, du service public et du « prendre soin » du pays (le « Care »), etc.

 

Au-delà de la bataille des idées que nous sommes en train de gagner, il ne faut pas oublier qu'il faudra un jour transformer l'essai, c'est-à-dire qu'il y ait une traduction de cette reconquête de souveraineté dans les urnes. Il n'y a aucune porte de sortie en dehors de l'institution. Et pour ma part, je ne vois qu'un seul parti politique en état d'arranger les choses. Je l'égratigne un peu dans GPLC, mais j'ai évolué sur cette question. Par ailleurs, on peut lui trouver tous les défauts qu'on veut, mais tant qu'il n'a pas exercé concrètement le pouvoir, ce sont des critiques virtuelles. Aujourd'hui, l'anticapitalisme cohérent conduit donc nécessairement à soutenir le Front national, y compris pour les immigrés, qui ont intérêt à la stabilité politique dans ce pays autant que les nationaux. En attendant Marine Le Pen à l'Élysée, il faut « faire carrière » dans le Système et dans l'institution, pour en reprendre le contrôle de l'intérieur. Sinon, tout ce que vous faites reste marginal, donc sur un siège éjectable. Tous les réseaux d'influence sérieux le comprennent et l'appliquent. Aujourd'hui, si vous voulez vraiment devenir un contre-pouvoir à l'Empire, au sens de Soral, il faut posséder la bombe atomique, donc se hisser aux moyens logistiques d'un État. On le voit bien avec la crise syrienne. Si le peuple syrien et son gouvernement n'étaient pas protégés par la Russie et la Chine, deux puissances nucléaires, la Syrie aurait été envahie rapidement par l'entité sioniste et les USA, deux autres puissances nucléaires (et les deux principaux facteurs de troubles aujourd'hui). L'Irak ou la Libye n'ont pas tenu très longtemps.

 

Vous faisiez remarquer que l'oligarchie au pouvoir était à bout de souffle. Coupée du peuple et sans renouvellement de qualité. Est-elle condamnée par sa propre nature ?

 

Ce qui va nous sauver, indépendamment de notre travail et de notre mérite, c'est, paradoxalement, que le niveau baisse, comme on dit. Le niveau, c'est-à-dire le niveau intellectuel, baisse partout, en premier lieu au sein de l'oligarchie. Le niveau baisse à cause de l'oligarchie, mais cela l'impacte également. Le shock-testing du Pouvoir pour éviter tout choc en retour aux chocs qu'il inflige, autrement dit le découplage complet des classes socioéconomiques, qu'on appelle aussi le double standard, la double éthique, ne marche pas si bien que cela et aboutit au phénomène de l'arroseur arrosé. Quand il nous frappe, il se frappe aussi.

 

Par exemple, la génération de désinformateurs professionnels qui occupe les médias depuis les années 1970, cette génération de gens plutôt bons en rhétorique et parfois réellement brillants, n'a pas réussi à organiser sa relève, sans doute plus préoccupée d'elle-même que de transmettre. À leur place, on a droit à quoi : des hystériques incultes et qui n'ont clairement pas le niveau. Donc nous avons gagné. Maintenant, il faut attendre que la génération des soixante-huitards meure entièrement, tout en continuant de notre côté à tenir notre position et notre niveau d'exigence. Les technocrates dans les institutions, à Bruxelles ou ailleurs, changeront aussi. Mais nous, nous ne changerons pas. Mécaniquement, dans cette guerre d'usure et de tranchées, nous allons gagner par forfait de l'ennemi. Dans tout conflit, la seule chose qui compte, c'est de durer. Celui qui dure plus que l'ennemi, eh bien c'est celui qui a gagné. Nous, le peuple de France, nous allons durer plus que notre ennemi. Pour durer plus que l'ennemi, il faut s'économiser, gérer son énergie, donc ne pas tout donner d'un seul coup, ne pas tout dépenser rapidement, mais travailler patiemment selon un rythme lent mais assuré, ce que j'appelle une « révolution lente », ou une « transformation silencieuse ». Si l'on reprend La Fontaine, nous sommes la tortue, et l'ennemi est le lièvre. Et qui gagne à la fin ?

Lucien Cerise

 

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LES CONCEQUENCES DE HARCELEMENT DES ENTREPRISES VIS A VIS DE LEURS EMPLOYEES

 

 

Des exigences toujours plus contraignantes :

ce que disent les salariés

Les opinions exprimées par les salariés, à l’occasion d’audits de climat social fondés sur des entretiens en vis-à-vis menés de façon non directive, sont suffisamment convergentes pour qu’il soit possible d’en tirer quelques observations générales[1] :

  • la “recherche de la performance” se traduirait par la formulation autoritaire d’objectifs irréalistes et qui seraient impossibles à atteindre ; le sentiment dominant qui en résulte est que l’entreprise, sans contrepartie, en demande toujours plus aux salariés ; ceux-ci doivent dès lors s’efforcer de se montrer à la hauteur de ce qui leur est imposé, à moins de prendre le risque d’être jugés incompétents ou inefficaces avec les risques qui en résultent pour leur situation professionnelle ;
  • le sous-effectif présenterait un caractère chronique ; il ne résulterait pas seulement des retards dans les embauches jugées nécessaires mais d’une volonté délibérée de faire en sorte que les équipes fassent autant ou plus tout en étant moins nombreuses ; il en résulterait la nécessité pour les salariés de se débrouiller pour que le travail se fasse quand même, quitte à être constamment en situation de surcharge de travail, voire, pour l’encadrement, à accroître plus ou moins considérablement leur temps de travail effectif ;
  • compte tenu de l’objectif consistant à réduire les coûts autant que faire se peut, les moyens matériels aloués seraient souvent très insuffisants ; les investissements jugés nécessaires se feraient parfois attendre ; la maintenance serait négligée, parfois au détriment de la sécurité du travail ; des travaux d’entretien seraient remis à plus tard, quitte à provoquer des pannes et des retards finalement préjudiciables au bon fonctionnement de l’entreprise et à la qualité de ses prestations ;
  • les directives et les procédures venues d’en haut laisseraient une marge d’adaptation insuffisante aux conditions de leurs mise en oeuvre dans le contexte local ; les managers de proximité ne jouiraient que d’une autonomie extrêmement réduite, sans réelle autonomie ; il leur faudrait, soit appliquer la consigne, au risque de provoquer des difficultés, soit s’affranchir de celle-ci en vue de faire face au mieux à la situation, au risque de se mette en infraction par rapport aux règles prescrites ;
  • parallèlement, il leur faudrait passer de plus en plus de temps aux exigences du reporting ; il leur faudrait “faire du chiffre”, quitte à négliger  les tâches liées à leur mission ; les managers de proximité n’auraient plus le temps nécessaire pour animer véritablement leur équipe ; les commerciaux passeraient davantage de temps avec leur tableur excel qu’avec les clients.

Ces tendances, bien entendu, ne concernent pas la totalité des entreprises, mais représentent une tendance lourde dans celles d’entre elles qui sont soumises à des exigences financières fortes, venant d’un actionnariat parfois volatile et calculant à court terme, sans volonté réelle de préserver l’avenir. Il en résulte évidement de graves conséquences en ce qui concerne les salariés qui y sont les moins bien préparés :

  • sentiment de ne plus s’en sortir, de se trouver prisonnier d’une spiralle infernale, avec le risque, un jour, de ne plus pouvoir y arriver et de se trouver ainsi rejetté par le système ;
  • sentiment d’être victime d’un manque de reconnaissance pour les efforts effectués, la Direction donnant l’impression d’en demander toujours plus ;
  • impossibilité de s’identifier aux finalités d’une organisation dont les objectifs seraient désormais étrangers au métier pratiqué et dans laquelle le salarié aurait cessé de pouvoir se reconnaître.

Il en résulte alors :

  • une envie de révolte, mais qui n’est pas toujours possible, compte tenu de la baisse d’influence des organisations collectives et de l’impossibilité d’assumer la perte de salaire résultant d’un mouvement de grève,
  • des réactions psychosomatiques – stress, tendance dépressive – venant de ceux qui, malgré tout, s’efforcent d’y croire et d’y arriver,
  • des réactions  de désengagement, l’intéressé se contentant dès lors de “faire ses heures” au prix du moindre effort tout en s’efforçant de donner le change en multipliant les signes d’implication, quitte à adopter un comportemetn ayant pour effet de réduire plus ou moins considérablement son efficacité personnelle.

On n’insistera pas sur les dégâts d’une telle tendance, que ce soit en termes d’efficacité économique ou de bien être au travail. Reste à savoir comment celle-ci s’explique : s’agit-il d’un problème de management ou d’un problème de gouvernance et de finalité de l’entreprise.

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LE TRIANGLE DE KARPMAN

 

 

Le « Triangle Dramatique » : victime, persécuteur, sauveur

Issu de l’analyse transactionnelle, intégré dans les jeux psychologiques décrits par la théorie, le triangle dramatique a été modélisé par Karpman et s’applique à toutes les interactions humaines, qu’elles soient dans le domaine personnel, en relation de couple ou dans le domaine professionnel, en relation d’équipe de travail.

Ce modèle énonce que, dans certaines situations d’interactions conflictuelles, les acteurs (en psychologie sociale, celui qui est en situation sociale est appelé un acteur) vont créer un jeu psychologique dramatique au tracé prévisible pour endosser un des rôles prédéfinis et interchangeables du drame.

Ces trois rôles sont ceux que nous jouons quand nous entrons en conflit avec l’autre.

La Victime « Pauvre de moi ! »

Dans le drame de l’interaction, c’est une personne qui souffre depuis longtemps, et ressent un sentiment d’impuissance, de désespoir. Cette personne a sans cesse autant besoin d’aide que de critiques et de blâmes pour se sentir malheureuse. Pour elle même, cette personne se sent irréprochable, même si extérieurement, elle parait toujours découragée, incapable de prendre des décisions.

Son ton de voix est souvent triste et ses messages tournent autour de « Après tout ce que je fais pour … », « Je n’ai rien fait pour créer cette situation que je suis incapable de modifier », « Je suis seul au monde », « Je suis débordé de travail ».

Il y a deux sortes de Victimes

1. La Victime soumise : elle se sent dévalorisée et faible. Elle a souvent une très forte peur de manquer.

2. La Victime rebelle : elle est agressive et lance beaucoup de revendications. Elle a souvent une très forte peur d’être abandonnée.

Le Persécuteur  » Tout est de ta faute ! »

Dans le drame de l’interaction, c’est une personne qui a tendance à rabaisser les autres, les critiquant parce qu’ils sont stupides, incompétents. Le Persécuteur blâme, critique, accuse et pense que tous les problèmes liés à la situation conflictuelle sont dus aux défauts des autres, et en particulier à celui qui se place en victime. Le Persécuteur est dans le droit.

Souvent, le Persécuteur pense qu’il contrôle très bien la situation et que sans sa présence, tout serait catastrophique. C’est quelqu’un qui est très souvent en colère et se place autoritairement par rapport aux autres.

Son ton de voix est autoritaire et agressif. Il lance des messages tels que « Vous ne seriez pas dans cette situation si vous m’aviez écouté », « Ce que je fais est mieux que toi », « Je ne veux pas vous blesser, je vais être franc avec vous »

Le Sauveur « Je vais vous aider »

Dans le drame de l’interaction, c’est une personne qui a tendance à se voir en position « haute ». Il se pose en sauveur que les autres le veuillent ou non, alors qu’inconsciemment il ne veut sauver personne. Au contraire, il va maintenir la Victime dans son rôle de Victime et s’attendre à l’échec de son intervention. Le Sauveur se considère comme foncièrement bon.

Ses messages sont de ce type : « Racontez moi, je comprends tout », « Je me charge de tout », « À votre place, je… »

Le mécanisme du jeu psychologique

On entre dans le triangle par n’importe quel côté, sachant que l’on peut changer de rôle à tout moment. Mais on a souvent un rôle qui domine plus souvent que les autres.

Les acteurs du jeu manquent complètement d’empathie et sont englués dans le rôle qu’ils endossent. Le jeu va offrir à chacun une identité qui remplit le vide. Les acteurs deviennent dépendants les uns des autres.

Le jeu créé le malaise et engendre la souffrance, quelle que soit la position que l’on prenne.

Le rôle central est tenu par la Victime. Son blâme et sa culpabilité cimentent le jeu, laissant tourner en rond le processus qui n’a finalement jamais de solution, tant que les acteurs prennent un rôle.

Le triangle dramatique est alimenté par le changement de rôle. La Victime devient Bourreau ou Sauveur, Le Sauveur devient Victime ou Bourreau, etc…

L’interaction peut mettre en scène deux, trois ou plusieurs personnes.

Certaines personnes jouent le triangle tout seul avec tout le monde. Cela veut dire qu’elles se placent sur un rôle et sont toujours en quête d’un partenaire du jeu.

Un exemple

Voici un exemple d’interaction entre un mari et sa femme.

Paul (Persécuteur) : C’est encore brûlé ce qu’on mange !

Virginie (Victime) : Il a fallu que je réponde au téléphone !

Paul (Persécuteur) : Ah ! Encore le téléphone, tu es toujours au téléphone !

Virginie (Victime) : Je suis bien obligée de répondre quand il sonne.

Paul (Persécuteur) : Et le répondeur il sert à quoi ? Si tu le laissais faire son travail, tu pourrais faire le tien correctement !

Virginie (Sauveur) : On ne sait jamais ce qui peut arriver. Il faut que je réponde … si c’était important ? Si c’était ma mère ou ta mère … ou je ne sais qui, qui a besoin d’aide.

Paul (Victime) : Je travaille toute la journée à un poste que je déteste.

Virginie (Sauveur) : Oui, tu fais un travail difficile.

Paul (Victime) : Et je ne peux même pas m’asseoir pour un bon dîner !

Virginie (Sauveur) : Je peux faire autre chose, si tu veux.

Paul (Persécuteur) : Ah ! non ! Cela va prendre trop temps comme d’habitude.

Virginie (Persécuteur) : Si tu te bougeais pour répondre au téléphone, je ne serais pas obligée d’être au four et au moulin et le dîner ne serait pas brûlé !

Paul (Victime) : En rentrant, j’ai juste besoin de m’asseoir et de me détendre. Tu ne sais pas ce que c’est !

Virginie (Persécuteur) : Bien sur ! Comme si s’occuper des enfants et de la maison, n’était un travail !

Le dialogue peut se poursuivre indéfiniment. Il n’y a pas de solution parce que chacun endosse son rôle et ce rôle incite l’autre à endosser le sien.

Ce jeu est répétitif et épuisant.

Se sortir du triangle dramatique

Nous avons tous la possibilité de nous retirer du jeu ou mieux de ne jamais y entrer.

La réponse la plus simple est celle qui se place sur la non défensive. Il faut arrêter le jeu, prendre sa distance par rapport à ce qui est dit et surtout prendre conscience du jeu qui s’installe pour pouvoir le refuser. Car dans un jeu, il faut des joueurs !

Virginie (Persécuteur) : Si tu te bougeais pour répondre au téléphone, je ne serais pas obligée d’être au four et au moulin et le dîner ne serait pas brûlé !

Paul : Oui, c’est vrai

—-

Paul (Victime) : En rentrant, j’ai juste besoin de m’asseoir et de me détendre. Tu ne sais pas ce que c’est !

Virginie : Je suis désolée que tu te sentes fatigué.

Après des réponses non défensives, les arguments de l’autre s’épuiseront. Ce n’est ni faire des compromis, ni perdre la face, c’est savoir écouter l’autre et prendre la réalité de l’autre en compte.

En fait, chaque fois que vous êtes mal à l’aise dans une relation, il y a de forte chance pour que vous soyez à l’intérieur du triangle en train de tenir un rôle.

Il faut apprendre à reconnaître le jeu, à en prendre conscience pour en sortir ou mieux, ne pas y entrer. Mais attention, les autres vont essayer de vous tirer à l’intérieur du triangle.

Pour ne pas y entrer ou en sortir, il faut :

- Être honnête : dire ce que vous pensez sans vous mentir dans les situations difficiles.

- Se respecter et respecter les autres : assumer sa responsabilité sans se sentir coupable, avoir de l’empathie en apprenant à s’aimer. N’être ni effacé, ni narcissique.

- Négocier pour pouvoir gérer la complexité des situations : penser groupe ou couple et non individu émotionnellement trop dépendant.

Dans un couple, il faut que chacun prenne conscience du rôle qu’il joue, de la façon dont il est créé. Il faut bannir les fautes et les blâmes, accepter de devenir responsable de sa propre contribution aux difficultés relationnelles. Les deux parties doivent comprendre qu’elles ont le choix. Un Persécuteur ne peut pas vous forcer à être Victime et une Victime ne peut pas vous obliger à devenir Sauveur… etc..

Dans une équipe de travail, il faut s’assurer que l’on n’est pas entré dans le jeu. Si vous avez des difficultés interpersonnelles, alors vous êtes dans le triangle et donc dans le déni. Il faut améliorer la cohésion de l’équipe pour la sortir du jeu, en faire un groupe à traiter dans son ensemble. Il faut replacer les besoins de l’équipe, ses attentes et ses objectifs. Il ne faut pas entrer dans les détails.

Quand on sort du triangle, on joue des situations gagnant – gagnant !!!

 

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Schéma à 5 carrés de Leplat et Cuny

Le nom de modèle des cinq carrés est donné à une version simplifiée du modèle de double régulation de l’activité qui a été utilisée et commentée au groupe RESACT.  Ces cinq cases fondamentales étaient les suivantes : deux cases pour les conditions (internes et externes), une case pour l’activité et deux cases pour les conséquences de l’activité. Depuis, le modèle a été enrichi d’une case relative au couplage et de deux cases relatives respectivement à l’évaluation interne et externe, ces deux dernières cases ayant le mérite de faire mieux apparaître les boucles de régulation.
Ce modèle n’a pas de valeur directement opérationnelle puisqu’il n’indique pas une procédure d’analyse, mais il peut servir de support à l’analyse en suggérant des types de questions à poser pour dégager les caractéristiques d’une activité concrète.  On peut le considérer comme un instrument au service du diagnostic ergonomique : à ce titre, on le désigne aussi, parfois comme un schéma-guide. Ce texte a pour but de rappeler quelques caractéristiques essentielles de ce modèle de ce dernier.

http://crouzettoulouse.free.fr/26jan07/8,2_Lettre14RESACT_MP.pdf

Si l’activité de travail dépend des conditions internes et externes, il n’en reste pas moins que cette activité a des conséquences et des répercutions, tant sur le système que sur l’individu lui-même. Par exemple, la performance réalisée par l’opérateur influence le système de part le rapport qu’elle entretient avec les objectifs visés, elle devient alors une condition déterminant à son tour l’activité. D’un autre côté, les conditions de travail ont un impact sur l’Homme, soit en terme de satisfaction, soit en terme de coûts physiques, cognitifs… Les caractéristiques de l’opérateurs (qui sont elles même des conditions de travail) s’en trouvent également modifiées. 

 

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LE BURNOUT 

 

SYNDROME D'EPUISEMENT PROFESSIONNEL

 

 

Christina Maslach émet l’hypothèse que travailler avec d’autres, en particulier dans une relation d’aide, est au cœur du phénomène. À l’inverse d’Herbert Freudenberger qui insiste sur les facteurs personnels, elle situe davantage les causes du burnout dans l’environnement du travail et ses conditions. Elle cherche à valider cette idée en menant des entretiens auprès d’autres groupes professionnels dont l’activité suppose aussi une implication relationnelle. Dans tous les cas des thèmes récurrents émergent de l’analyse : épuisement émotionnel, attitudes distantes, négatives envers les clients ou les patients. À l’évidence, ces manifestations présentent une régularité à travers les différentes professions.

Si Freudenberger parle du « dynamisme du burnout », Maslach à plusieurs reprises dans son texte emploie a contrario le terme de « craquage » lié au burnout. Elle observe que ce « craquage » est suivi d’une perte d’efficacité dans les services de santé et d’action sociale, d’un absentéisme et d’un turnover élevé. Il provoque aussi une détérioration du bien-être physique : « Les professionnels sont épuisés, fréquemment malades et peuvent souffrir d’insomnies, d’ulcères et de maux de tête […] Afin de surmonter ces problèmes physiques, le travailleur peut se tourner vers les tranquillisants, la drogue […] Le burnout est encore associé à des manifestations comme l’alcoolisme, la maladie mentale, les conflits conjugaux ou le suicide ».

Dans le même texte, Christina Maslach insiste particulièrement sur les modalités de mise à distance ou de désengagement, autant de stratégies verbales qui consistent à catégoriser les clients sous des labels abstraits (tels : « mes dossiers »), techniques (comme : « c’est un coronaire »), ou encore stigmatisants (l’appellation « pauvres » par exemple). D’autres stratégies existent par ailleurs : parmi les principales, mise à distance physique et strict respect du règlement sont autant d’attitudes qui permettent de limiter les implications personnelles. Christina Maslach utilise le terme de « dépersonnalisation » pour désigner ces attitudes, bien éloignées de l’inquiétude distante.

L’épuisement émotionnel renvoie au manque d’énergie, au sentiment que les ressources émotionnelles sont épuisées. La personne est « vidée nerveusement46 » et a perdu tout son entrain ; elle n’est plus motivée par son travail qui devient dès lors une corvée. Elle ne réalise plus les tâches qu’elle effectuait auparavant et en ressent frustrations et tensions. L’épuisement émotionnel est souvent lié au stress et à la dépression. Autant les conceptions théoriques que les résultats empiriques actuels lui donnent un rôle central dans le processus d’épuisement professionnel.

La dépersonnalisation représente la dimension interpersonnelle du syndrome d’épuisement professionnel. Elle renvoie au développement d’attitudes impersonnelles, détachées, négatives, cyniques, envers les personnes dont on s’occupen 6. L’individu ne se sent plus concerné par son travail et dresse une barrière qui l’isole de ses clients et de ses collègues. Parler de « l’appendicite de la chambre 22 » est un exemple de ces attitudes. La dépersonnalisation peut prendre des formes plus dures et s’exprimer à travers des attitudes et des comportements de rejet, de stigmatisation, de maltraitance. Il s’agit d’une stratégie mal adaptée, destinée à faire face à l’épuisement des ressources internes en mettant à distance les bénéficiaires de l’aide, ou en rendant leurs demandes illégitimes.

Cette attitude permet de s’adapter à l’effondrement de l’énergie et de la motivation. Les clients, les usagers, les patients, les élèves étant perçus sur un mode négatif, leurs demandes, leurs besoins apparaissent moins pressants, moins urgents à résoudre. Le terme de « dépersonnalisation » peut prêter à confusion vu qu’il désigne aussi l’état psychique où domine l’impression d’être étranger à soi-même. Le terme de « déshumanisation »47 aurait pu être choisi, mais sa connotation est évidemment trop extrême pour qu’il soit retenu.

Le manque ou la réduction de l’accomplissement personnel concerne à la fois la dévalorisation de son travail et de ses compétences, la croyance que les objectifs ne sont pas atteints, la diminution de l’estime de soi48 et du sentiment d’auto-efficacité. La personne ne s’attribue aucune capacité à faire avancer les choses, convaincue de son inaptitude à répondre efficacement aux attentes de son entourage. L’accomplissement personnel représente la dimension auto-évaluative du syndrome d’épuisement professionnel.

 

Le questionnaire MBI de Maslach a la particularité, contrairement à celui de Freudeberger, de proposer plusieurs dimensions au Burn Out.
Il permet ainsi de distinguer l'épuisement émotionnel (considéré par les auteurs comme la première phase du Burn Out) qui agirait sur l'individu en l'incitant à adopter une attitude de dépersonnalisation, puis à subir une baisse du sentiment d'accomplissement personnel.

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LE HARCELEMENT PROFESSIONNEL

Le harcèlement professionnel est un thème au croisement de plusieurs domaines: médical, social, judiciaire, le monde du travail, le politique. Il fait régulièrement la une de nombreux journaux : « le harcèlement au travail », « le stress des cadres », « le burn out » (Syndrome d'épuisement professionnel) ...
Le livre de Marie-France Hirigoyen Le harcèlement moral s'est vendu à des milliers d'exemplaires et a été traduit en une vingtaine de langues.

[ Il est important de préciser que le terme "harcèlement" est un terme juridique... En psychologie, nous préfèrerons employer "violence externe" pour désigner celle qui émerge au contact de public extérieur aux effectifs de l'entreprise et "violence interne" pour les qualifier des relations délétères au sein du personnel de l'entreprise ]

 

La violence au travail est un phénomène préoccupant partout dans le monde et en forte progression. Les entreprises et les pouvoirs publics ont été conduits à prendre des mesures pour la prévenir et tenter de la réduire. Dans les entreprises, on fait de plus en plus souvent appel aux services de psychologues, psychiatres, de structures de soutien psychologique, de débriefing ... après avoir créé dans les années 70, 80, les Directions des Ressources Humaines (les fameuses DRH) qui ont remplacé les services du personnel.

Depuis un certain nombre d'années, la violence au travail et ses répercussions sur la santé font l'objet d'études menées par les médecins du travail et les médecins psychiatres. Ils témoignent des pathologies nouvelles qui touchent aujourd'hui toutes les catégories de salariés: de l'employé ou l'ouvrier, aux cadres. C'est un phénomène nouveau : la souffrance au travail concerne toute la hiérarchie.

Un rapport du B.I.T. (Bureau international du travail) à propos d'une enquête sur 15 états de l'Union européenne en 1996 (15800 interviews).

  • Violence physique 6 millions soit 4% des travailleurs
  • Harcèlement sexuel 3 millions soit 2%
  • Intimidations, brimades : 12 millions soit 8%

En France:

  • Violence physique: hommes : 11,2%, femmes : 8,9%
  • Harcèlement sexuel à l'encontre des femmes: 19,8%

Violence et travail ont toujours cohabité mais si le travail était autrefois la source d'une violence physique, aujourd'hui il est de plus en plus associé à une violence psychologique. Cette violence trouve en grande partie son origine dans les nouvelles formes d'organisation du travail et de management apparues il y a une trentaine d'années qui ont conduit à une dégradation des relations sociales, à la précarisation du travail et au chômage.

Lorsque l'on évoque des cas de violence, il faut faire attention à bien la nommer afin que chacun comprenne bien de quoi il s'agit. Une difficulté qu'il faut intégrer: selon les milieux professionnels ou sociaux, les niveaux de recevabilité de la violence ne sont pas les mêmes.

La psychopathologie du travail étudie les gens au travail, sur le lieu de travail réel. Elle permet de comprendre comment les travailleurs parviennent à éviter la maladie mentale. Christophe Dejours a particulièrement étudié les nouvelles formes d'organisation du travail et la santé mentale. Dans son ouvrage "Souffrance en France", il s'interroge sur les raisons qui conduisent les salariés à participer à des situations génératrices de leur propre souffrance ou de celle de leurs collègues. Le travail est source de satisfaction et de reconnaissance sociale. Les problèmes occasionnent des frustrations qui à long terme peuvent retentir sur le corps. Des mécanismes psychiques conscients et inconscients entrent en jeu pour tolérer la violence mise en place à laquelle les individus se résignent.

La plupart des individus sauvent leur santé aux prix d'efforts décrits sous le terme de stratégies de défense individuelles mais aussi collectives. Lorsqu'une situation de travail recèle une menace pour l'intégrité physique ou psychique, les capacités d'action des salariés sont dépassées. Il faut faire avec la peur qui est incompatible avec la poursuite du travail. On lutte contre la peur : ce sont les pratiques de réassurance, de bravade, qui mettent en scène la capacité à faire face au risque.

Pour Christophe Dejours "Les stratégies collectives de défenses contribuent de façon décisive à la cohésion du collectif de travail, car travailler n'est pas seulement avoir une activité c'est aussi vivre: vivre le rapport à la contrainte, vivre ensemble, affronter la résistance au réel, construire ensemble le sens du travail, de la situation et de la souffrance."

Un contrôle collectif sur l'expression de la subjectivité de chaque individu concourt à exclure toute parole sur la peur ou toute expression de crainte ou d'allusion à l'appréhension face à un danger insuffisamment contrôlé. Les stratégies de défense contre la souffrance se manifestent par la marginalisation et l'exclusion de ceux qui ne s'y conforment pas.

Exemple: les concours chez les cadres encore appelés les "cow boys", mettant en scène le cynisme, la capacité de faire encore mieux en termes de licenciement collectif ("dégraissage" en jargon), de tenir les objectifs annoncés... Ils montrent leur capacité à faire la sale besogne et sortent grandis par l'admiration de leurs collègues.
La virilité joue un rôle majeur dans le zèle à faire le sale boulot. On fait partie des élites de l'entreprise.

Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Harc%C3%A8lement_professionnel

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LA LUTTE CONTRE LA MENACE DE L'INGENIERIE SOCIALE , GARDER LES EMPLOYES DE DEVENIR LE MAILLON LE PLUS FAIBLE;

 

 

Criminels intelligents comprendre leurs succès repose sur le choix de la bonne occasion d'exploiter une faiblesse spécifique. C'est pourquoi les cambrioleurs éviter les maisons avec les systèmes d'alarme, les voleurs de voitures pour les véhicules non verrouillés chercher et les agresseurs ne s'attaquent pas à n'importe qui sortant d'un dojo portait une robe blanche et une ceinture noire. En d'autres termes, ils vont après le «fruit le plus faible pendaison".

De même, les criminels qui utilisent des techniques d'ingénierie sociale chercher des occasions où ils peuvent employer leurs méthodes uniques de manipulation et de tromperie pour exploiter le maillon le plus faible de la chaîne de sécurité. Pour l'ingénieur social, ce maillon faible est généralement propre peuple de l'organisation et des procédures.

Contrairement à des menaces de sécurité traditionnels qui peuvent être contrecarrées par des mesures de sécurité physique ou électronique, techniques d'ingénierie sociale d'exploiter les bases de la nature humaine. Notre tendance naturelle à aider les autres, notre désir d'éviter les conflits, notre peur de faire des erreurs et notre peur de nous-mêmes à obtenir ou à obtenir d'autres en difficulté sont tous des éléments de la nature humaine que les ingénieurs sociaux considèrent comme des vulnérabilités. En fait, professionnels ingénieurs sociaux sont littéralement le pari que leur capacité naturelle à manipuler des traits humains de base va créer une occasion dans laquelle la cible peut être transformé en un complice involontaire.

Et un ingénieur chevronné sociale ne sait exactement qui à cibler. Bien que les cadres supérieurs peuvent avoir un accès direct à l'information la plus précieuse au sein de l'organisation, les ingénieurs sociaux rends compte qu'il est beaucoup plus complexe et prend du temps à compromettre directement cadres. Au lieu de cela ils ont mis leurs sites sur les employés à faible et moyen niveau. Les réceptionnistes, les équipes de nettoyage, guichetiers et même les gestionnaires de sites distants sont tous des cibles attractives pour un ingénieur intelligent sociale. Après tout, ce sont les employés qui ont généralement une formation limitée sensibilisation à la sécurité et serait plus susceptible de manipulation et de tromperie. Ces postes pourraient également fournir le criminel avec un accès à des zones sensibles pendant les heures creuses lorsque le risque d'être exposé est significativement plus faible.

Caractéristiques d'une chaîne de sécurité faible

Experts de l'industrie et les régulateurs du gouvernement conviennent que les institutions les plus à risque de succomber à des tactiques d'ingénierie sociale tendent à manquer (1) les politiques et procédures adéquates relatives à la sécurité physique, (2) un programme de sensibilisation à la sécurité qui permet à la formation des employés à tous les niveaux, ou (3) un système établi de fournisseurs et suivi des visiteurs. Ces trois éléments sont dépendants les uns des autres pour bien se défendre contre la menace des régimes d'ingénierie sociale. Une carence dans un domaine crée une vulnérabilité importante dans les autres, permettant ainsi un facile point d'entrée pour un criminel savvy à exploiter.

Bien sûr, professionnels ingénieurs sociaux connaissent cette information trop. C'est pourquoi des tactiques comme le «Vendeur de confiance" scénario - qui ont la capacité d'exploiter les vulnérabilités de nombreuses fois - ont tendance à être un grand succès auprès des organisations qui ont des politiques et procédures, l'insuffisance de formation limitée sensibilisation à la sécurité et pas de système formel de suivi des fournisseurs autorisés.

Une étude de cas en ingénierie sociale

En utilisant seulement de base de collecte d'informations techniques, il n'est pas difficile de concevoir un plausible "vendeur de confiance" scénario qui semble tout à fait crédible à une cible sans méfiance.

Par exemple, si l'intention d'un criminel était de gagner clandestinement l'accès aux zones sensibles à l'intérieur et l'institution financière, il peut choisir de se présenter comme un inspecteur de ravageurs. Tout d'abord, l'ingénieur social aurait besoin de savoir quels entreprise de lutte antiparasitaire de l'établissement utilise actuellement. Mise en place d'une surveillance en dehors d'un emplacement d'attente pour le technicien antiparasitaire pour montrer jusqu'à prendrait beaucoup trop long. Toutefois, en contactant l'institution, sous le couvert d'une entreprise de lutte antiparasitaire nouvelle cherche à présenter une offre concurrente peut révéler le nom du fournisseur de service actuel. Si c'est le cas, la prochaine étape serait d'obtenir le logo de la société réelle ravageur contrôle sur le web pour créer un uniforme crédible en utilisant un "do-it-yourself" de fer sur le kit.

L'ingénieur social pourrait alors utiliser les différents réseaux sociaux pour trouver les noms de certains des meilleurs gestionnaires de l'organisation et, si la chance, les jours de ces gestionnaires seront en vacances. Un appel pourrait alors être faite à la réceptionniste branche tard dans la journée sous prétexte que le gestionnaire a demandé qu'il vienne traiter le bureau immédiatement. Le criminel pourrait probablement tisser un conte de convaincant qui a créé un sentiment d'urgence ainsi que de générer une raison pour garder les membres du personnel de suite, alors qu'il est «de travail». Une des raisons serait crédible la revendication de gestion fait état d'une infestation de rats, mais veut garder le secret pour éviter alarmante dans le reste du personnel. Après avoir entendu ce type de nouvelles inquiétantes, les soupçons qui ont pu exister vers le technicien antiparasitaire sont probablement remplacé par l'anxiété au cours de la infestation de rats à proximité. Le criminel pourrait encore augmenter ses chances de l'exposition en évitant par un rendez-vous après les heures où il serait libre de regards indiscrets et avoir plus de temps à fouiner pour obtenir des informations sensibles.

Ce scénario propose également une occasion idéale pour effectuer une autre technique d'ingénierie sociale préférée, la fouille de poubelles, sans soulever de soupçons. Après tout, qui va de soupçonner un technicien ravageur en uniforme de contrôle ne fait rien, mais tuer les rats l'intérieur d'une benne à ordures?

Vous pouvez penser que c'est seulement le pire des cas, mais les entreprises qui se spécialisent dans les essais d'ingénierie sociale peut attester que ce type de situation se produit avec une fréquence alarmante.

Cet exemple illustre le fait que sans garanties suffisantes en place pour lutter contre les menaces d'ingénierie sociale, plusieurs maillons faibles peuvent exister le long de la chaîne de sécurité. Mais elle démontre aussi que des politiques fortes et des procédures ainsi que la formation adéquate pourrait avoir contrecarré les efforts de l'ingénieur social.

Renforcer la chaîne

Les employés sont la première ligne de défense contre les régimes d'ingénierie sociale. Par conséquent, il est impératif que la gestion de leur fournir les outils adéquats pour lutter contre la soi-disant fraudeurs, y compris; 

  1. Politiques et des procédures détaillées qui vont au-delà des menaces évidentes et des scénarios d'adresses uniques à l'organisation
  2. Formation de sensibilisation à la sécurité qui comprend personnalisée basée sur les rôles de formation pour les postes les plus vulnérables à des tactiques d'ingénierie sociale
  3. Les contrôles systématiques comme un système de suivi des fournisseurs / visiteur partagé que les comptes pour les fournisseurs locaux à bureaux distants
  4. Rappels fréquents (e-mails, affiches, Conseil de la semaine) au personnel quant à l'engagement de l'organisation pour la sécurité

 

Les pare-feu les plus avancés, les systèmes de détection d'intrusion et la vidéosurveillance ne peut pas offrir une grande protection contre les ingénieurs sociaux qui utilisent des employés peu méfiants à l'atteinte à la sécurité et accéder à des informations sensibles. La meilleure défense est d'un personnel bien formé et bien équipé qui comprend leur rôle dans la protection des intérêts de l'organisation. Et il incombe à la direction de l'organisation à fournir à leur personnel la formation, d'orientation et des outils pour lutter efficacement contre cette menace grandissante.

 

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 MANAGEMENT ACTUALITES :

France Télécom et le management par la peur

 

On l’appelle communément le « management par le stress ». Généralisé dans de nombreuses entreprises, il est devenu emblématique de France Télécom. L’idée : faire de la peur une méthode de management.

Margaux Rambert

 

« Surcharge de travail », « urgence permanente », « management par la terreur ». C’est en ces termes que Michel, ce cadre marseillais de 51 ans qui a mis fin à ses jours le 14 juillet dernier, décrivait, dans une lettre désespérée laissée à sa famille, ses conditions de travail chez France Télécom. Il était le 18ème employé de l’entreprise de télécommunications à se donner la mort en un an et demi. Quatre mois plus tard, celle-ci dénombre 25 cas de suicides parmi ses salariés. L’expression d’un mal-être croissant au cœur de cette ancienne structure publique récemment privatisée, où la peur est devenue une méthode de management généralisée.

« Les 5 M »

Marion est entrée chez France Télécom il y a 37 ans. Durant toutes ces années, elle a travaillé au « back office », où elle gérait une équipe de six personnes. Un jour, la nouvelle tombe : son activité est délocalisée en Guadeloupe. Elle va désormais devoir répondre aux appels des clients. « Il a fallu que je m’adapte après une formation de trois semaines, raconte-t-elle. Ce n’est pas facile d’avoir le client en ligne. Et nous avons des objectifs très élevés. Je vis très mal ce changement d’activité. Mon supérieur m’avait assuré qu’après un an sur ce poste, je pourrais retourner au « back office ». Aujourd’hui, il me dit que c’est impossible. J’ai 57 ans, il n’est pas question que j’accepte d’autres changements. »

Des salariés contraints de changer de poste, ou de métier, Ivan du Roy, journaliste, en a rencontré de nombreux avant de publier son enquête sur le management par le stress à France Télécom : Orange Stressé (La Découverte, octobre 2009). « Avec les réorganisations successives, les employés sont soumis à des mobilités géographiques et de métier. C’est une véritable politique de l’incertitude face à laquelle ils sont déstabilisés. Leur métier initial perd de son sens. Ils finissent par ne plus savoir qui ils sont. Ceux qui tentent de résister sont « placardisés ». Passés 50 ans, les gens sont poussés à partir. Et même avant. Chaque année, lors des entretiens individuels, on demande aux salariés s’ils ne veulent pas s’en aller. » 22 000 suppressions de postes en trois ans : c’est le résultat du plan stratégique Next (Nouvelle Expérience des Télécommunications), déclenché en 2005.

 

Management par le stress, mobilités forcées, mouvement perpétuel, mise au placard et mise en condition de retraite forcée… Voici les « 5 M » qui, selon les chercheurs de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées de France Télécom, définissent la stratégie managériale de cette entreprise. Créé en 2007 à l’initiative des syndicats CFE-CGC et Sud-PTT, l’Observatoire multiplie les études. Objectif : informer et alerter sur la souffrance au travail au sein du groupe, par le biais d’un site Internet dont la consultation est… interdite depuis France Télécom.

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Peut-on arrêter les suicides en série à La Poste ?

18 mars 2013
Par 

Elle avait 21 ans. Elle était factrice en CDD en Haute-Loire, à Monistrol-sur-Loire. Et le 15 février,
on l’a retrouvée pendue chez ses parents

charlie-chaplin au travail

Les Temps Modernes – Charlie Chaplin -1936

La veille du drame, il lui est signifié qu’elle ne fera pas sa tournée habituelle. Elle devra distribuer des plis sur le secteur de Saint-Just-Malmont. une tournée difficile, qu’elle ne connait pas, dans une région montagneuse et enneigée. Elle doit remplacer un autre CDD en maladie. Il a laissé deux jours de courrier. Elle devra donc en distribuer trois.

Elle n’a pas pu achever sa tournée, en dépit de onze heures de travail. Elle arrive tôt le 15 février matin.  Elle n’a pas dormi de la nuit. Elle est en larmes. Son chef, la voyant épuisée, lui propose de rentrer chez elle.

Elle se pend quelques heures plus tard.            voir l’article du progrès 

 

La Poste est aux prises avec une crise suicidaire de même ampleur que celle de France Télécom il y a quelques années, malgré  le black-out imposé par la direction. Ainsi, en 2012, plus de 30 suicides ou tentatives de suicides ont été enregistrés, dont 10 suicides sur le lieu même de travail, chiffre jamais atteint jusque là. Peut-on arrêter les suicides à La Poste ? Il faut d’abord accepter de reconnaitre les faits, au lieu de les minimiser comme le fait la direction de La Poste, tuant deux fois les personnes :

  • une 1ère fois en imposant des conditions de travail pathogènes,
  • une 2nde fois en niant l’évidente responsabilité du travail dans les accidents qu’elles génèrent.

Ainsi, la jeune Pauline, CDD de 21 ans, s’est-elle pendue chez elle le 15 février dernier, après avoir réalisé une journée de travail harassante. Au dernier moment, on lui a demandé de couvrir en un jour trois jours de tournée  dans une région difficile et qu’elle ne connaissait pas. Ce simple exposé des faits montre bien la situation tragique dans laquelle se trouve La Poste aujourd’hui, du fait de l’incurie des dirigeants, pour ne pas dire plus.

En 2008, le PDG de La Poste avait décidé de privatiser La Poste, prétextant un besoin de financement difficile à assurer du fait du statut d’entreprise publique. Le précédent gouvernement a fait voter la loi, passant en force à l’Assemblée nationale et au Sénat. S’en est suivi une politique d’austérité drastique, les dirigeants fermant au maximum les robinets du recrutement, plongeant les services dans des conditions de travail pathogènes et impossibles à supporter, telles qu’elles ressortent clairement du drame de Monistrol. Les moyens de remplacement ont été réduits à leur plus simple expression, dans les services financiers, à l’Enseigne mais surtout au courrier : ce sont des CDD de courte durée qui doivent assurer au pied levé le remplacement des facteurs absents, puisqu’il n’y a plus de personnels formés pour assurer le remplacement des congés ou des absences. En moins de 10 ans le nombre d’agents est passé de 340.000 à 250.000, comment dès lors s’étonner de tous ces drames directement liés à la recherche effrénée de productivité ?

Cette politique s’est accélérée depuis 2008, ce qu’illustre parfaitement l’évolution du niveau des recrutements passé de 7 remplacements pour 10 départs à 3 sur 10 en 2011, avec pour conséquence directe de mettre en danger la vie des postiers en leur imposant des conditions de travail dignes du XIXème siècle.

 

Dans certains cas de suicides, la famille a décidé de mettre en cause la responsabilité de La Poste. L’article 223-1 du Code pénal dispose en effet que « le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessure de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement » est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Par ailleurs, l’article L4121-4 du code du travail fait obligation à l’employeur de prendre en considération les capacités de l’intéressé à mettre en œuvre les précautions nécessaires pour sa santé et sa sécurité, ce qui n’a manifestement pas été le cas ce 14 février à Monistrol.

 

« Il n’y a pas d’éléments permettant d’établir la responsabilité de l’entreprise. Ce sont des drames personnels et familiaux, où la dimension du travail est inexistante ou marginale »aurait  déclaré au cours d’un conseil d’administration le président de La Poste, Jean-Paul Bailly, le 28 février, à propos du suicide de Monistrol et de trois autres suicides récents. La direction a contesté par la suite ce CR fait par les représentants du personnel au CA.

Sans doute le PDG et son alter ego se retrancheront-ils derrière les accords que La Poste ne manque pas de négocier, année après année, avec les syndicats, sans aucun résultat sur le terrain.

Il reste donc à espérer qu’un syndicat ou un CHSCT concerné par un suicide au travail puisse demander la mise en examen de la responsabilité de l’entreprise, pour marquer un coup d’arrêt à ces suicides en série qui se déroulent depuis plus de 2 ans et qui restent impunis, laissant planer le doute d’une organisation criminelle.

 

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LES CONDITIONS DE TRAVAIL CE DEGRADE CHEZ ESTERRA

 

Ce mouvement « illimité » a été lancé par l’UNSA, syndicat minoritaire chez Esterra, mais qui a été rejoint dans la matinée par SUD-SGAD (syndicat général des activités du déchet). Le site de Sequedin a aussi été touché.

D’une même voix, les délégués syndicaux pointent la réorganisation du travail, des tournées rallongées notamment. À partir de lundi prochain, la collecte des déchets sera en effet modifiée dans dix-neuf villes de la métropole, avec l’entrée en service de Lilébo, filiale d’Esterra. « La pénibilité du travail va augmenter, on ne peut pas tolérer cela, dénonce Pascal, délégué syndical UNSA. Le vendredi, on est déjà sur les rotules. Cela fait longtemps qu’on tire la sonnette d’alarme. » Chauffeur depuis vingt-deux ans dans l’entreprise, Dany clame son ras-le-bol. « On est en train de charger la mule. On nous demande toujours plus, mais pour le même salaire. J’ai connu la belle époque il y a quinze ans. C’était la règle du fini parti. » D’autres salariés affichent leur détermination. « La direction ne veut rien lâcher, mais on ira jusqu’au bout. » Une nouvelle assemblée générale doit se tenir demain matin pour décider de la poursuite du mouvement.

La direction d’Esterra minimise le mouvement, déplorant le comportement de quelques personnes. « À la désorganisation des tournées, à l’empêchement de la bonne exécution du service public de la collecte s’ajoute l’atteinte à la liberté du travail de la grande majorité du personnel non-gréviste et ce dans un contexte économique délicat. » Elle met comme préalable à la reprise des négociations la suspension de la grève. 

 

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1er CONGRES DES MEMBRES AMIS (E) DE LA DISSIDENCE FRANCAISE

 

 

 
 

Sept rédacteurs en chef et leurs adjoints ont annoncé qu’ils quittaient leur fonction. En cause : des désaccords avec la direction du journal, concernant notamment la nouvelle formule du quotidien ou le projet de mobilité interne.

monde-2621959-jpg_2258244Un peu plus d’un an après l’arrivée de Natalie Nougayrède à la tête du « Monde » , le quotidien du soir bascule dans une violente crise. Mardi, dans un geste spectaculaire et révélateur d’un malaise couvant depuis plusieurs mois, sept des onze ré­dacteurs en chef, dont la totalité des responsables du numérique, ont démissionné de leurs fonctions. « Depuis plusieurs mois, nous avons envoyé de nombreux messages d’alerte pour signaler des dysfonctionnements majeurs, ainsi qu’une absence de confiance et de communication avec la direction de la rédaction nous empêchant de remplir nos rôles à la rédaction en chef », écrivent les démissionnaires dans une lettre citée par « Libération » . Le mode de management de la directrice est directement mis en cause. « Natalie Nougayrède confond autorité et autoritarisme », déclare un journaliste de la rédaction.

SUICIDES CHEZ LES BANQUIERS

William Kaye sur la vague de suicides chez les banquiers

Depuis 2 semaines, une curieuse vague de suicide a fait 5 morts parmi de hauts cadres de la finance. Cela avait commencé par un banquier de la JP Morgan fin janvier. Un nouveau suicide d’un employé de la JP Morgan continue la série avec Ryan Henry Crane. Que se passe-t-il ?

Suicide-Banques

Il s`agit peut-être d`un hasard, mais cela fait tout de même beaucoup en peu de temps. De ces 5 suicidés, 3 travaillaient pour la JP Morgan et pour la Deutsceh Bank, des banques qui font l`objet de nombreuses enquêtes. Mike Drueker travaillait pour de Russell Investment, Richard Talley pour American Titles Services.

William Kaye, qui a travaillé il y a 25 ans pour la Goldman Sachs, est également perplexe, et c`est un euphémisme (source) :

« Tout cela me semble bien suspect, pour des professionnels qui étaient au firmament de leur carrière, ne semblaient pas dépressifs ou présenter des risques mentaux. Et voilà que soudainement, tout ce beau monde se suicide. C`est étrange.

Il se pourrait que ces suicides soient liés au fixing de l’or de Londres, mais aussi à la manipulation des taux de change des devises, dont avait tiré profit ces banques (JP Morgan et DB). Personne ne fait un travail d`investigation pour essayer de comprendre ce qu`il s`est passé.

Pourtant, au moins 4 « suicidés » récents étaient des cadres de haut vol, qui devaient en savoir beaucoup sur la manipulation de l’or et du FOREX et devaient probablement être impliqués dans les opérations concernant les produits dérivés de ces marchés.

Ces banques sont des mafias. Il est donc raisonnable de penser qu`elles pourraient adopter les méthodes des syndicats du crime en cas de nécessité. Que ferait Tony Soprano si quelqu`un menaçait de le balancer ? Il l’aiderait à tomber du dernier étage. »

 

L'Écureuil dénonce ses conditions de travail

Environ 80 salariés de la Caisse d'Épargne ont dénoncé, hier à Caen, « la pression et la comparaisonentre agences ». La direction a relevé 13,8 % de grévistes en Normandie.

 

« Vu la pression des derniers jours au sujet de ce débrayage, on est contents d'avoir 80 personnes. » Délégué syndical SU-Unsa à la Caisse d'Épargne de Normandie qui emploie 2 000 personnes dans 230 agences, Gérald Errot participe au premier mouvement de grève depuis la fusion entre la Haute et la Basse-Normandie en 2008. Selon la direction, ce débrayage a concerné moins de 14 % des salariés.

En cause, dans cette manifestation place Bouchard à Caen, « ce ne sont pas les salaires, même si la part variable est de plus en plus importante, explique Philippe Lemaître, secrétaire du comité régional d'entreprise. C'est la pression du chiffre, les heures sup', des objectifs toujours à la hausse et un classement comparatif entre agences qui met la pression. »

« Qualité de vie au travail »

Dans le jargon commercial, ces comparaisons s'appellent le « benchmarking ». « Il peut déboucher, selon Philippe Lemaître, sur des menaces et des sanctions. Dans la région du Havre, une directrice d'agence a perdu son poste car elle ne faisait pas assez de benchmarking. »

La semaine prochaine, les « cahiers de doléances » passés ces derniers jours en agence devraient être examinés. « Mercredi 13 juin, une direction de la qualité de vie au travail va être créée », indique un responsable régional qui se dit « bien conscient des tensions générées par toutes ces techniques de mesures qui devront peut-être être adaptées ».

Face à cette situation « que connaissent nombre de groupes bancaires », poursuit la direction, la CFTC a décidé de travailler cette année « sur la charge et les conditions de travail, indique son délégué Jean-Marc Augustin, car de plus en plus de salariés craquent, consultent un médecin. » Selon lui, « la direction veut gagner du temps sans remettre en cause sa stratégie ». En Bourgogne, en Alsace et sur la Côte d'Azur, des suicides ont été signalés. « Il faut arrêter de casser les salariés et surtout les jeunes qui sont la cible principale. »

Sébastien BRÊTEAU.

 

BNP PARIBAS

 

 

Depuis plusieurs mois, nous voyons se développer des tentatives de fraudes de type « ingénierie sociale »  sur lesquelles nous souhaitons attirer votre attention.

Que signifie l’expression « ingénierie sociale » ou « social engineering » ?

Cette technique désigne les méthodes utilisées par des malfaiteurs pour manipuler des personnes afin de contourner les dispositifs de sécurité dans le but d’obtenir des informations ou de faire exécuter des opérations. Les escrocs font preuve d’une grande force de persuasion et exploitent  la crédulité de leurs interlocuteurs. Pour mener à bien ces opérations frauduleuses, l’escroc se fait passer pour un membre dirigeant de votre entreprise ou un employé de BNP Paribas, ou toute autre personne de confiance. Il utilise des informations précédemment recueillies sur votre personnel et l’organisation de votre société (organigramme, fonctions, personnes habilitées, plans de congés, spécimen de signatures, etc.). Les fraudeurs sont donc très bien renseignés, persuasifs et bénéficient parfois de complicités internes.

Modes opératoires

La fraude par usurpation d'identité d'un membre de l'état-major d’une entreprise

■ L'entreprise reçoit un appel téléphonique de son Président ou Directeur général lui demandant d’effectuer un paiement sur l’étranger. Il est évoqué une affaire strictement confidentielle (un rachat d'entreprise par exemple) qui ne doit faire l'objet en aucun cas d’une information auprès de collègues ou de la hiérarchie locale. Pour plus de discrétion, l’escroc précise d’ailleurs que les échanges de documents et les communications se feront sous couvert d’une adresse spécifique de messagerie. Bien entendu, c’est le fraudeur qui a créé une fausse adresse, au nom du dirigeant de l'entreprise. Durant cette phase d'approche, la personne dans l’entreprise est impressionnée et mise en confiance.

■ L’escroc explique ensuite qu’il doit effectuer des virements en urgence pour régler l’opération financière. Par courrier électronique, il adresse alors de fausses factures sur lesquelles sont indiquées les coordonnées bancaires des bénéficiaires titulaires d’un compte ouvert auprès d’une banque étrangère. Il demande à l’entreprise d’établir et de lui faire parvenir par retour un ordre de virement correspondant à la facture. La situation d'urgence mise en avant contribue à déstabiliser son interlocuteur. Le fraudeur retourne l’ordre de virement complété des signatures des personnes habilitées, qu’il a préalablement scannées.

■ L’entreprise transmet ensuite normalement le virement à sa banque qui l’exécute. Il arrive que l’escroc appelle plusieurs fois l’entreprise afin de s'assurer que les virements ont bien été exécutés. Des virements peuvent ainsi être initiés sur plusieurs semaines avant que la fraude ne soit découverte.

La fraude par usurpation d’identité d’un employé BNP Paribas

■ Une entreprise reçoit un appel téléphonique ou un mail comportant le logo de la banque le prévenant d’une opération technique sur les serveurs EBICS, d’un problème de télétransmission ou de sécurité.

■ Un individu, se faisant passer pour un informaticien de la banque, contacte le client par téléphone. Il est très bien informé sur le fonctionnement des processus bancaires en matière de virements télématiques.

■ Dans certains cas, il invite l’entreprise à appeler un numéro de téléphone, qui diffuse le même message d’attente que celui de BNP Paribas.

■ L’escroc prétexte un test sur nos outils d’échanges de fichiers EBICS – CONNEXIS ou NETCASH- dans le cadre de la mise en place de la norme SEPA pour obtenir les codes et les mots de passe de connexion. Il demande également l’envoi par fax d’un exemplaire d’une confirmation de virement avec la signature d’une personne habilitée.

■ Après avoir fourni les coordonnées bancaires frauduleuses, il invite l’entreprise à saisir un virement international pour finaliser le test de télétransmission.

Quelques bonnes pratiques pour vous protéger de l’ingénierie sociale

■ En cas d’appel, se renseigner sur l’identité de son interlocuteur en lui demandant des informations précises (nom, prénom, n° de téléphone). Procéder ensuite par contre-appel de préférence en appelant un n° de ligne fixe au lieu d’un portable. En cas de doute demander un écrit de confirmation et les coordonnées téléphoniques.

■ Vérifier les renseignements reçus et s’interroger sur la criticité des informations demandées.

■ Ne jamais communiquer, même auprès de sa banque, identifiant, mot de passe, code d’accès par email, téléphone ou sur un site internet. Ces éléments ne doivent en aucun cas être fournis à des tiers.

■ Ne pas effectuer de tests sur des comptes communiqués par un tiers.

■ Contacter le Chargé d’Affaires Entreprises en cas de demandes d’opérations bancaires ou de changement de coordonnées par un tiers

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Vos contacts :

  • si vous êtes déjà client : votre Chargé d’Affaires Entreprises,
  • si vous cherchez à entrer en relation avec BNP Paribas : le Centre d’Affaires le plus proche de votre implantation.

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Septembre 2013

Stress au travail : la liste noire des entreprises IT

Entreprise Activité
Accenture Technology Solutions SSII
Alti SSII
Arès SSII
Assystem R&D externalisée
Ausy R&D externalisée
Avenir Telecom Télécoms
CA Editeur
Cegid Editeur
Coframi R&D externalisée
Completel Opérateur télécom
Computacenter SSII
CS Systèmes d'Information SSII
Datavance SSII
EDS Answare SSII
Ericsson France Télécoms
GFI Informatique SSII
GL Trade Editeur
GPE Informatique Scientifique et Technique SSII
ITS Group SSII
Motorola Télécoms
NextiraOne Services de communications
Numericable Opérateur télécom
Oberthur Technologies Cartes à puce
Océ Business Services Externalisation des processus documentaires
Orange France Télécoms
Osiatis SSII
SAP France Editeur
Sema Télécom SSII
Siemens Haute technologie
Sun Microsystems France Editeur, constructeur
Sylis France SSII
Team Partners SSII
Teamlog SSII
TechCity Solutions Assistance technique, hotline
Telindus France SSII
Texas Instrument Télécoms

 

 

Le ministre du Travail montre du doigt les 600 entreprises n'ayant pas répondu à son questionnaire, mais aussi les 12 % de sociétés qui n'ont « apporté aucun élément permettant de constater un engagement de négociation ou d'action sur le stress ».

 

                                                                          Le 26 Aout 2014 

TENTATIVE DE SUICIDE A LA TCAR A ROUEN

Sauvé par l’un de ses collègues

Il s’est aspergé de carburant, et avait déjà sorti un briquet : c’est là qu’un de ses collègues l’a aperçu, s’est précipité vers lui, et l’a plaqué au sol pour l’empêcher de commettre ce geste », détaille à Normandie-actu le procureur de la République de Rouen, Jean-François Bohnert.

Ce geste aurait ainsi empêché l’irréparable. Parvenant ensuite à raisonner le désespéré, il l’a ensuite accompagné pour qu’il prenne une douche, afin de le débarrasser du carburant dont il s’était aspergé. L’ancien conducteur, a priori indemne, a ensuite été hospitalisé. Deux témoins de la scène font également l’objet d’une prise en charge psychologique.

Suite à un accident de la route ?

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’ancien chauffeur aurait récemment rencontré des problèmes d’ordre professionnel : « Il aurait eu un accident, peut-être dû à une faute de conduite », indique le procureur. L’accident, un accrochage, aurait eu lieu il y a peu de temps, et serait à l’origine d’un contentieux entre le salarié et la direction de la TCAR.
« Le matin même, il aurait envoyé un SMS, disant qu’il “débarrasserait bientôt la TCAR” du problème », selon une source judiciaire. Le soir-même, il s’aspergeait de carburant. Une enquête de police a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes et la chronologie des faits qui ont précédé cette alerte. L’inspection du travail a par ailleurs été saisie du dossier.

Rouen, 76

DEPRESSION DES FEMMES CADRES : LES STEREOTYPES ONT BON DOS

De nombreux médias se sont récemment fait l’écho d’une étude américaine, qui compare l’impact des responsabilités professionnelles sur l’occurrence de symptômes dépressifs chez l’homme et la femme . L’étude a ainsi mis en évidence que les femmes occupant des responsabilités dans les entreprises seraient plus stressées et présenteraient davantage de symptômes liés à la dépression que la moyenne des femmes. Chez les hommes ayant eux aussi des positions managériales, au contraire, les symptômes de dépression seraient non seulement plus faibles que chez les femmes de même niveau professionnel, mais ils seraient aussi moindres que ceux que l’on pourrait rencontrer chez les hommes en général.

L’étude est le fruit du travail d’une sociologue, Tetyana Pudrovska, de l’université du Texas. Elle a été réalisée sur un panel de quelques milliers d’hommes et femmes, en utilisant des données de 1993 et de 2004. Les sujets étaient alors âgés de 54 ans, puis 65 ans. Plusieurs types de responsabilités ont été observés, et les tendances précitées se sont à chaque fois confirmées. Ce sont chez les femmes ayant à recruter et licencier des collaborateurs dans le cadre de leurs fonctions que l’on trouve la plus grande différence par rapport à la moyenne des femmes.

Les conclusions issues de l’étude et reprises par les articles de presse sont qu’une telle différence entre les deux sexes serait bien évidemment due aux « stéréotypes » qui pèseraient sur les femmes. Ces stéréotypes nuiraient à leur sentiment de légitimité pour assurer des tâches de management, ce qui leur causerait un très injuste mal-être.

Les conclusions, comme souvent en matière d’étude statistique ciblée sur le genre, violent ainsi un principe de bon sens absolument évident : une différence statistique observée entre deux groupes dénonce un biais exogène si et seulement si on peut raisonnablement établir que ces groupes sont, d’un point de vue endogène, égaux à l’origine face au phénomène observé. Et l’erreur vient bien de là : l’étude part du principe que les hommes et les femmes sont « égaux » en termes de capacité et de sensibilité dans un contexte professionnel donné. Les différences statistiques entre les hommes et les femmes ne peuvent ainsi qu’être le résultat d’un biais « culturel » : les fameux stéréotypes.

Il pourrait suffire de considérer les conclusions de l’étude comme nécessairement fausses, puisqu’elles font l’oubli aberrant d’une réalité bien charnelle : un homme est un homme et une femme est une femme. Ce propos peut cependant être affiné en faisant appel aux travaux d’Otto Weininger : chaque individu est en réalité une combinaison de masculin et de féminin, chacun des deux pôles ayant des caractéristiques fondamentales propres. On trouvera ainsi plus généralement des caractéristiques masculines chez les hommes et inversement, sans que cela n’exclue la grande diversité de caractères possibles de part le nombre infini de compositions potentielles des deux tendances. Et on peut déduire que, additionnée aux spécificités de la personnalité, cette composition conditionne le caractère d’un individu et le rend adapté, ou non, à telle ou telle position ou contexte professionnel. La théorie rejoint ainsi les réalités factuelles que chacun peut facilement observer au quotidien.

Mais alors pourquoi trouve-t-on aujourd’hui, aux côtés de femmes tout à fait à l’aise dans des postes de direction (des femmes aux caractères singuliers dont la masculinité importante dans leur composition perce jusque dans les traits physiques et comportementaux, comme nous invite à l’observer Weininger) d’autres femmes qui occupent ces même types de postes bien qu’elles y rencontrent une souffrance personnelle, preuve de leur volonté de poursuivre une carrière en inadéquation avec leur caractère propre ?

Il faut pour expliquer cela se rappeler des contraintes que notre époque fait peser sur les choix de vie : pression matérielle (insuffisance d’un salaire unique pour assurer des revenus aisés) pression émotionnelle (nécessité d’auto-suffisante financière dans un monde d’individualisme et de prédation où même la protection des siens, la famille, laisse sa place aux mécanismes intéressés du marché) ou encore et surtout pression symbolique (mythe de la femme indépendante, dévalorisation du rôle de mère au foyer, réussite professionnelle placée comme unique voie d’épanouissement…). On notera aussi l’impact encore faible mais grandissant de la féminisation des postes de direction, imposée directement par la mise en place des quotas.

Ainsi le résultat de l’étude nous en dit-il en réalité plus sur les différences inhérentes entre les particularités propres à la féminité et à la masculinité, en l’occurrence leur adéquation avec les interactions humaines que supposent un poste de direction, que sur de prétendus stéréotypes. Accepter de considérer l’inverse, comme le fait l’étude, est aussi juste d’un point de vue méthodologique que d’affirmer, par exemple, que si les hommes composent plus de 95 % de la population carcérale, c’est parce qu’ils sont discriminés par l’appareil judiciaire et subissent des « stéréotypes » !

Au-delà des réalités charnelles des deux sexes, les rapports socio-économiques ne sont en fait que peu motivés par des prétendus héritages culturels relatifs au genre, comme le prétend le voile mensonger du féminisme, mais bien par des dynamiques de rapports de classe. Un fait rappelé par Alain Soral, dans la continuité de travaux de Michel Clouscard


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" TU DOIS ETRE CHARLIE ! "



Nous revoilà plongés dans la dictature de la pensée unique suite aux abominables attentats qui ont décimé une part importante de la rédaction du magazine Charlie Hebdo. Les officines du pouvoir qui dicte ses ordres à Paris nous ont imposé l’injonction suivante : tu dois être Charlie, sinon tu sera mis au banc de la société. Le slogan « Je suis Charlie » est devenu la force motrice de la plus ambitieuse campagne d’ingénierie sociale jamais entreprise en sol français.

En science politique, l’ingénierie sociale est utilisée comme une pratique qui a pour but de modifier les comportements de segments de populations ciblés. Basée sur la logique formelle et la manipulation des algorithmes, l’ingénierie sociale a supplanté la propagande classique. Et, ne l’oublions pas, cet art suprême de la manipulation et du monitorage des comportements table sur les affects avant toutes choses. C’est donc en manipulant l’émotion du moment qu’il sera possible d’interférer sur les processus cognitifs qui permettent aux citoyens de pouvoir se positionner face à un enjeu donné.

Le contexte politique

Voici près d’une décennie que Charlie Hebdo s’acharne de manière particulièrement vicieuse contre l’Islam et, ne l’oublions pas, le Catholicisme. N’arrivant pas à survivre économiquement, ce média faussement libertaire aura pris la décision de s’aligner sur certains poncifs qui s’apparentent aux très contestées théories du « Choc des civilisations » de Samuel Huntington. Profitant de la montée des intégrismes, dans le sillage des nébuleux attentats du 11 septembre 2001, les charlots de service se sont prêtés à la production d’un torrent de caricatures toutes plus ordurières les unes que les autres et, principalement, destinées à choquer les musulmans.

Curieusement, certains humoristes ou commentateurs ont été mis au ban de la société et poursuivi en diffamation à plusieurs reprises pour des spectacles ou des articles d’opinion qui n’arrivaient pas à la cheville des provocations imprimées à longueur de semaine par l’infortuné Charlie Hebdo. Nous n’avons pas l’intention, ici, d’épiloguer sur la portée du concept de diffamation, d’autres s’en chargent abondamment par les temps qui courent. Ce qui nous intéresse, c’est le deux poids deux mesures qui est en jeu dans le cadre de ce qui s’apparente à une incroyable opération de manipulations des consciences menée sur le long terme.

La double-contrainte afin de miner les esprits

Comme dans toute bonne opération d’ingénierie sociale, les marionnettistes du pouvoir ont travaillé finement à partir de la double-contrainte afin d’affaiblir la capacité de raisonnement du citoyen lambda. Avec un Front national, montant à la droite du spectre politique français, qui pointe du doigt la menace islamiste grandissante et un Front de gauche qui fustige les velléités citoyennes de nommer certaines dérives sociales, les citoyens français ont été longtemps tenu en otage par les leaders d’opinion qui font la pluie et le beau temps à Paris.

D’un côté, les citoyens français issus des classes populaires assistaient, impuissants, à la multiplication des exactions menées par certains voyous issus des minorités visibles (et qui ne sont nullement représentatifs de l’ensemble desdites minorités) et n’avaient pas le droit de protester, sous peine de se faire taxer de « fachos ». De l’autre côté, les citoyens d’obédience musulmane voyaient leur Prophète et tout ce qui symbolise leur religion allègrement jetés en pâture aux scribouillards de Charlie Hebdo.

Sur ces entrefaites, un certain Monsieur Zemmour nous a pondu un essai, intitulé « Le Suicide français », à l’intérieur duquel il désigne, sans détour, les méfaits d’un communautarisme qui aura servi d’arme de destruction massive de la cohésion socioculturelle française. Ne faisant pas dans la dentelle, le brillant polémiste ne s’est pas privé pour ce qui est d’écorcher (vifs) certains surgeons de la diaspora musulmane de France.

Pourquoi Zemmour a-t-il reçu un tel battage médiatique dès la sortie de son, désormais, célèbre essai ? Dès le milieu de l’automne 2014, les ouvrages et autres diatribes stigmatisant l’Islam et ses dérives fondamentalistes (ou autres) ont fait flores au pays d’une « liberté d’expression » qui semble être de plus en plus à géométrie variable.

Michel Houellebecq, écrivain dont l’islamophobie compulsive ne fait plus de doute, vient de nous pondre un dernier roman, intitulé « Soumission », qui met en scène une France de 2022 totalement asservie aux impératifs d’un djihad parachevant la guerre civile qui s’est installée à demeure. Tout cela avec la fusillade chez Charlie Hebdo comme toile de fond … la table a manifestement été mise pour une opération d’ingénierie sociale de grande envergure.

Le détonateur

Peu nous importe, au moment d’écrire ce papier, qui sont les auteurs réels (et non pas présumés) de cet abominable attentat qui doit être condamné sans conteste. Quoi qu’il en soit, l’attentat du 7 janvier dernier ressemble à un détonateur ayant la fonction de démarrer un processus de consentement collectif à grand déploiement.

Il est tout de même savoureux d’assister aux pleurnicheries d’une Marine Le Pen qui se dit outrée du fait que son parti ait été écarté par les huiles du pouvoir au moment de constituer le cortège officiel des politiques officiant à cette grande messe faussement républicaine du 11 janvier dernier. Celle qui s’agite sur tous les fronts « républicains » à fustiger une menace islamiste (réelle ou fantasmée) qui s’insinue chaque jour d’avantage n’a pas été invitée à la grande messe de la « liberté d’expression ». L’agenda politique (et médiatique) de cette marche, dite « républicaine », s’est donc mis en place en tablant sur l’injonction « vous êtes avec nous ou contre nous ».

« Vous êtes avec nous ou contre nous »

Symboliquement, seuls, les laïcards ont été invités à la marche « Je suis Charlie », les croyants – partageant ou non l’émotion du moment – ne pouvant pas se permettre d’aller marcher pour honorer la mémoire de ceux qui ont souillé depuis si longtemps les valeurs qu’ils chérissent. Il s’agit, donc, d’une opération de ségrégation des citoyens d’obédience musulmanes et catholiques qui a été conçue comme une « contre-manifestation » destinée à ostraciser, dans les faits, ceux qui s’étaient déplacés lors de la manifestation contre le mariage pour tous.

Sans prendre parti pour quoi ou qui que ce soit, il est intéressant de noter que Marine Le Pen n’a pas jugé bon de participer à la manifestation contre le mariage pour tous afin que sa formation politique puisse parachever son opération de ravalement de façade républicaine. Celle qui croyait prendre le leadership dans la présente campagne de dénigrement de l’Islam a fini par se faire prendre de court par les véritables maîtres du jeu.

La marche « Je suis Charlie » n’était pas destinée à défendre une quelconque « liberté d’expression » menacée, elle a plutôt été orchestrée afin de parachever ce qu’une décennie d’opérations politiques aura mis en branle. Désormais, cette « liberté d’expression » de service serait (de l’avis des maîtres du jeu) menacée par les fondamentalistes de toutes obédiences et certainement pas par les oligarchies aux commandes. Voilà pourquoi un « Patriot act » à la française sera, bientôt, mis en place afin de proprement verrouiller toutes les issues possibles.

Ce qu’il importe de comprendre dans toute cette histoire c’est que la matrice idéologique (la laïcité comme religion d’état) au service du pouvoir en place est de facto le censeur. C’est le pouvoir en place qui décide de qui peut critiquer quoi et comment le faire.

« Deux poids, deux mesures »

Comme le faisait remarquer, tout dernièrement, le journaliste américain Glenn Greenwald : « “free speech,” in the hands of many westerners, actually means : it is vital that the ideas I like be protected, and the right to offend groups I dislike be cherished ; anything else is fair game. »

L’humoriste Dieudonné a été mis en garde à vue lundi dernier, dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme », après avoir mis en ligne un message satirique sur sa page Facebook. Jamais, à notre humble avis, Dieudonné n’a appelé son public à commettre des actes de terrorismes ou à s’en prendre à un segment de la population en particulier. Pourquoi ce dernier n’a-t-il pas le droit de pratiquer une certaine forme d’ironie, alors que d’autres sont pratiquement subventionnés pour s’adonner à de véritables campagnes de diffamation non-stop ?

La réponse nous a été fournie par les architectes de la marche du 11 janvier dernier. Désormais, c’est l’état qui décidera des limites d’une « liberté d’expression » qui n’est qu’une formule creuse désignant la nouvelle rectitude politique téléguidée par d’habiles ventriloques. Il va de soi, dans un tel contexte, que le droit au blasphème se devait d’être réhabilité de manière définitive. Ce que la machine juridique (politique) s’est employée à faire tout au long de la post-modernité. Désormais, le blasphème ne fait plus partie de la panoplie des actes diffamatoires.

Voilà pourquoi certains petits astucieux se servent du blasphème pour diffamer, par la bande, ceux et celles qui ne professent pas les mêmes « valeurs républicaines » qu’eux!


M.R


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Ingénierie de l’islamophobie

Le discours dominant dans les médias concernant la population de confession musulmane, procède bien souvent de la stigmatisation. Il s’agit d’abord d’une stigmatisation religieuse, attachée à l’Islam.

Elle prend des formes multiples et utilise la peur comme ressort essentiel afin d’imposer sa légitimité et sa dynamique. La pratique de l’amalgame entre les comportements violents des sectes salafistes ou takfiristes liées au terrorisme international et la religion musulmane représente le procédé le plus fréquent. Cet amalgame prend appui sur des événements tragiques, comme les attaques perpétrées par Mohammed Merah, converti à « l’Islam radical », à Toulouse en 2012 ou encore celles, plus récentes, ayant visé le journal Charlie Hebdo début janvier. Le choix des mots joue ici un rôle déterminant comme le montre l’expression médiatique et politique d’ « Islam radical » retenue fréquemment pour désigner l’idéologie salafiste à laquelle s’était converti Merah ou les frères Kouachi et au nom de laquelle ils ont perpétré leurs tueries. La méconnaissance de l’Islam de la part des journalistes, de la classe politique, et de la société française en général joue un rôle important dans ce choix sémantique porteur d’amalgame. Le salafisme, également appelé Wahhabisme dans sa composante saoudienne, se présente aujourd’hui sous la forme d’une idéologie politico-religieuse, dont l’Arabie Saoudite a fait sa religion officielle et qui se conceptualise comme une « renaissance » de l’Islam, prônant une lecture littérale et puritaine des textes religieux et un retour à la « foi des origines », ce qui suppose par la même que l’Islam dans son développement historique se serait dévoyé en s’éloignant du message originel et de la volonté du prophète…

Selon Jean-Michel Vernochet - auteur du livre Les égarés. Le Wahhabisme est-il un contre islam ? –  le wahhabisme, qui est issu des prédications d’Abdul Wahhab au 18ème siècle « se développe en prenant chaque mot, chaque phrase de la Récitation au strict pied de la lettre. C’est-à-dire dans son sens littéral absolu au point qu’il en arrive à faire dire au Coran des énormités phénoménales. » Le Wahhabisme a également inventé un sixième pilier de l’islam, « une obligation cachée qui serait celle de la conversion par la force des incroyants ou des mauvais croyants et apostats… ». C’est au nom de cette « innovation doctrinale » wahhabite que s’est par la suite développé le djihad armé contemporain et que combattent les troupes de l’Etat Islamique.

Ce mouvement va en effet déboucher suite à la première guerre d’Afghanistan sur une composante violente, créée et instrumentalisée par les états-unis et leurs alliés saoudiens dans la lutte contre l’Union Soviétique, qui va d’abord se donner comme objectif la libération des « terres de l’Islam » des occupants étrangers et des « infidèles ». Cette branche armée, que l’on voit à l’oeuvre aujourd’hui à travers l’Etat Islamique, prône également le renversement des régimes musulmans jugés « impies », c’est à dire non salafistes, et la conversion des populations musulmanes.

LE VIOL DES NATIONS

En décembre 1916, au plus fort de la 1ère guerre mondiale donc, l’anthroposophe autrichien Rudolf Steiner inaugurait à Bâle un très important cycle de conférences intitulé : "Le karma de la Non-Vérité". Extraordinaire exposé sur les causes et les responsabilités occultes dans le déclenchement d’une guerre qui ne devait finalement s’achever qu’en 1945 sous les cendres de la ville de Dresde et sous celles d’Hiroshima et de Nagazaki au Japon. Rudolf Steiner ne connut, certes, jamais cet Holocauste – cet holocauste au sens exact du terme – mais c’est cependant avec une effrayante lucidité qu’il décrivit la suite et l’épouvantable avenir que cette guerre – qu’il vivait – engendrerait inexorablement, fondée qu’elle était sur l’arme absolue d’un âge de fer : le Mensonge.

C’est notamment à l’occasion de ce cycle de conférences qu’il osa publiquement révéler que la guerre européenne et la destruction des empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie avaient été planifiées dans les loges anglo-saxonnes dès la seconde moitié du XIXème siècle, révélations qui ne furent peut-être pas étrangères à sa mort par empoisonnement quelques années plus tard. Il produisit, en effet, à cette occasion, un certain nombre de documents d’origine maçonnique mettant clairement en cause une volonté diplomatique internationale au plus haut niveau visant à l’anéantissement de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie en vue de réaliser l’hégémonie définitive du leadership anglo-américain sur le monde. Un leadership essentiellement ploutocratique, il va sans dire, visant à rien moins qu’à « la réduction des peuples d’Europe centrale à l’état d’esclaves et d’ilotes » – ce sont ses propres termes – pour le plus grand bénéfice des trusts interlopes occidentaux.

Il alla même jusqu’à produire, au grand effarement de ses auditeurs, une "carte de la future Europe" dont l’authenticité devait être garantie quelques années plus tard, et sur laquelle figurait, à l’est d’une approximative ligne Oder-Neiss, cette seule et cynique formule lapidaire : « Champ d’expériences socialistes », encore faudrait-il même préciser que le terme anglais utilisé n’est pas "champ", mais "désert" – ce qui devait, en effet, se réaliser ponctuellement, comme on le sait, aussitôt après la prise de pouvoir des Bolchéviks, pour le plus grand profit de leurs démocratiques alliés. Ce sera donc sans surprise qu’il qualifiera les conditions de l’armistice de 1918 comme « une véritable condamnation à mort » de toute l’Europe du centre, entendue ici dans l’acception géopolitique et spirituelle du terme, en ce sens que, comprise comme un tout organique, l’Europe ne se pouvait mutiler dans aucune de ses parties sans dislocation durable, et que détruire l’Allemagne équivalait à frapper au cœur un continent tout entier, réduit, de ce fait, à n’être plus qu’un vaste champ d’exploitation pillable et taillable à merci par tous les doigts crochus de la terre. Ce que nous voyons se réaliser en ce moment sous nos yeux, suivez mon regard, mais il y a plus.


Réduire à merci un ensemble de peuples d’aussi haute culture et civilisation que l’Europe ne pouvait évidemment pas se réaliser avec les mêmes moyens grossiers que ceux qui furent employés contre les peuples amérindiens, les Boshimans d’Afrique ou les autochtones australiens. Non, une telle entreprise d’asservissement d’un continent comme l’Europe ne pouvait se contenter de simples mesures d’ordre militaire ou seuls les corps sont opprimés. L’extraordinaire relèvement de l’Allemagne à partir de 1933 le montre à l’évidence : brisée, mutilée d’un tiers de son territoire, saignée à blanc par le traité de Versailles et sa monnaie tellement réduite à rien qu’il fallait un plein panier de billets pour faire ses courses, elle se retrouvait, dès 1936, locomotive économique du continent, chômage muselé, bientôt si florissante que des travailleurs de toute l’Europe viendront s’y relayer. Bref le cauchemar pour les meneurs de jeu de la haute finance anglo-saxonne.

LA TENAILLE MAÇONNIQUE

Mais l’Allemagne de 1932, toute lamentable et misérable qu’elle était, était encore un peuple, une vraie nation, homogène et soudée dans son malheur et son abaissement, une âme forte et vigoureuse, pleine de sève et de sang. Voilà ce que n’avaient pas prévu les banksters du Traité de Versailles, et qui les conduisit, dès le 24 mars 1933, à ourdir la mise en œuvre du deuxième round par le biais de diverses officines qu’il est interdit de nommer et du Grand Lobby qui-n’existe-pas ; ce qui eut lieu le 3 septembre 1939 lorsque l’Angleterre déclare la guerre au Reich, aussitôt suivie de la France. Pour plus de sûreté dès 1941, toute honte bue, la haute finance anglo-yankee s’allie aux Soviets de Staline et soutient à bout de bras l’Armée Rouge. Le trio de Yalta pouvait se congratuler : la tenaille maçonnique avait bien fonctionné ; ce n’était donc pas en vain que l’or des Warburg, des Schiff, Rothschild et autres Rockefeller avait financé les frères Lénine et Trotzki. L’affaire avait rendu au centuple...

Aussi, lorsque quatre ans plus tard l’Allemagne est de nouveau à genoux dans son corps, mais invaincue dans l’âme, c’est son âme qu’on entreprit de « traiter ». Car si tuer les corps est facile, tuer les âmes exige plus de finesse. Là, le phosphore, les potences, l’atome ou les munitions D.U. ne sont que de peu d’effet. C’est un poison d’une autre alchimie qu’il faut ! Un poison triple et subtil. Trois forces constituent, en effet, la vie de l’âme : la Pensée, le Sentiment et la Volonté. Ce sont ces trois forces-là qu’il faut atteindre pour briser un homme, et à plus forte raison un peuple :

1° D'ABORD OBNUBILER LA PENSEE, LA CONSCIENCE DU VRAI.
On le sait, le poisson pourrit par la tête : c’est donc à la tête qu’il faut frapper – par le mensonge – par le mensonge savamment distillé, partout, dans tous les média surtout, par le contrôle de tout ce qui pense, ou qui pourrait penser un jour : l’Université, l’édition, la presse, la radiotélévision, et forts de tous ces bons outils, truquer l’Histoire, imposer une relation intégralement falsifiée du cours de la guerre et de ce que vous savez, la marteler à satiété, en l’imprimant dans les profondeurs des esprits de telle sorte qu’elle en vînt à annihiler dans l’âme allemande jusqu’au simple respect de soi-même et tuer du même coup chez tous les autres peuples toute velléité de sursaut national. Toute résistance enfin. Alors seulement la plèbe sera prête pour l’esclavage et le peuple pour la servitude apathique et amorphe d’un docile troupeau à la merci des larbins du Système.

2° ENSUITE DETRUIRE LE SENTIMENT DU BEAU.
Enlaidir, encenser le moche, le vulgaire et le toc. Frapper au cœur, par conséquent, partout, dans l’art, le vêtement, l’architecture, la musique ou la langue. Haro sur les enfants surtout : ceux-là sont encore tendres. Inutile, n’est-ce-pas ? de vous faire un dessin...

3° POUR FINIR : DEVOYER LA VOLONTE, LE DESIR DU BIEN.
Et ce, dès la prime adolescence, celle où s’affermit l’individu – en pervertissant l’instinct de vie, en flétrissant dès le début la vie sexuelle (et ce qui fonde la vigueur et la pérennité d’un peuple sain : le couple et la cellule familiale) – par la débauche et la pornographie. Là, c’est tout bon : c’est vraiment atteindre le tissu biologique en sa substance. Regardez autour de vous : vous aurez tout compris.


Un plan avait bien été préparé pour anéantir à tout jamais le cœur germanique européen : outre le plan Morgenthau, le plan Kaufman (cela ne s’invente pas) lequel prévoyait la stérilisation discrète et méthodique de 40 millions d’Allemands en âge de procréer, sous couvert de quelque banale vaccination ; seulement, une indiscrétion aurait toujours été possible. Une solution plus discrète et tout aussi définitive devait donc y suppléer : une dissolution raciale progressive sous l’effet conjugué d’un encouragement aux pratiques abortives et contraceptives chez les Européens dans le temps même où s’organiserait une immigration puissamment orchestrée sous couvert d’accueil, de propagande antiraciste et de suppression du droit du sang, ce "jus sanguinis" encombrant qui fondait jusqu’à présent nos nations européennes et la vitalité de la race. Rudolf Steiner ne s’y était pas trompé lorsqu’il mettait en garde, le 11 janvier 1907 à Leipzig :

« On peut anéantir le caractère originel d’un peuple si, en le colonisant, on impose à son sang ce que celui-ci ne peut supporter (seinem Blute zumutet, was dieses Blut nicht ertragen kann) »


Mère de toutes les civilisations modernes, la péninsule européenne formait jusqu’au début du siècle un tout organiquement équilibré en trois sphères spirituelles : la sphère celto-latine à l’ouest, la sphère gréco-slave à l’est, et la sphère germanique au centre, puissant réservoir de peuples qui vinrent, à partir du IIIème siècle, féconder l’Europe entière d’un flot de sang neuf à tous les azimuts : la vieille Grèce et la Rome épuisée des Césars, le monde celtique trop tôt romanisé, et le monde slave enfin par la pénétration des Rûs suédois et la fondation de la monarchie russe qui s’ensuivit en face des hordes turco-mongoles.

De ce grand ensemble ethniquement homogène, l’Allemagne-Autriche formait à la fois le cœur et l’épine dorsale où risquait de se confédérer un jour ce concurrent redoutable – ô combien ! – qu’aurait été une Europe libre en face des ambitions hégémoniques frénétiques d’une Amérique déjà profondément ahrimanisée. Les Loges occidentales et les Bnaï-Briths n’ignoraient nullement ce danger, pas plus que cette certitude que le temps jouait contre eux. De là, comme s’en alarma Rudolf Steiner, cette nécessité pour eux d’anéantir à tout jamais, au plus vite, ce cœur de l’Europe qu’était l’Allemagne depuis le Saint Empire, et cette guerre de trente ans atroce qu’ils ourdirent en sous-main dans les chancelleries du début du siècle.

De là finalement l’ignoble viol des consciences auquel nous assistons depuis 1945 et que devait définitivement venir sanctionner la promulgation sans précédent des lois-bâillons que nous connaissons. Celles plaçant désormais la vérité historique à la botte du régime, au point qu’on devait en venir, comme tout récemment, à entendre prononcer par des juges cette phrase inouïe d’iniquité: « Truth is no defense » (la vérité n’est pas un argument de défense !)... Exit le traditionnel « Jurez de dire la vérité, toute la vérité ! » L’Âge Noir des prophéties, l’Âge du Mensonge c’est cela.

Car c’est bien en vue de perpétrer un "Holocauste" que le Mensonge avait été, pour la première fois dans l’Histoire du monde, érigé en système international de gouvernement : le génocide froidement planifié du cœur germanique européen, et partant, à plus ou moins long terme, de toutes les nations blanches de souche indo-européenne de ce continent.

Tout, sur cette terre, peut, en effet, pour peu qu’on en fasse l’effort, être restauré, sauvé, réparé, remis en ordre : une agriculture sabordée, une économie ruinée, une culture saccagée, jusqu’à certains désastres écologiques peuvent, le temps aidant, être soignés... Une chose seulement, en ce monde, reste à tout jamais incurable et perdue sans remède : le patrimoine génétique identitaire d’une race ou d’une nation lorsque, comme le mit en garde Rudolf Steiner, « on impose à son sang ce que celui-ci ne peut supporter ».

LES ÂMES ET LE SANG DES PEUPLES

Dès lors, c’en est définitivement fait de ce peuple. Quelle qu’ait pu être son renom, sa gloire ou sa puissance, il n’est plus qu’une multitude amorphe foulée aux pieds par le premier envahisseur qui s’enhardira à le soumettre à son joug. L’Histoire regorge d’exemples de ce type. Combien d’empires et de civilisations brillantes n’ont-ils pas disparu à tout jamais, combien de peuples jadis vigoureux et nobles n’ont-ils pas dégénéré faute d’avoir su préserver leur simple identité charnelle ?

Nous ne voulons pas dire ici qu’un peuple ne soit qu’une simple entité génétique au sens matérialiste du terme cher à notre époque, certes non ! Car comme tout homme porte en lui une âme qui le rattache aux dieux, les peuples eux-mêmes ne sont que les corps et la substance d’entités spirituelles autrement supérieures à lui, mais nous voulons dire par là que s’il peut arriver que l’âme ennoblisse le corps, c’est le corps héréditaire en premier lieu, quoi qu’on en dise, qui sert et permet à l’âme de se parfaire et d’évoluer. Saccager le corps c’est contrarier l’évolution de l’âme. Il en est de même des peuples : dénaturez par force la subtile alchimie du sang des nations et vous entravez à jamais l’évolution des générations qui sont appelées à s’y incarner un jour. Le viol de la nature est une atteinte à la création divine.

Nous menons aujourd’hui un combat décisif : celui des Forces blanches au cœur de l’Âge des Ténèbres. Il ne nous sera fait aucun cadeau, sachez-le, et je crains que le pire soit encore devant nous. Ce que je sais, par contre, c’est que, quoi qu’en puissent penser certains, l’Homme n’est pas seul dans ce combat sans exemple, et qu’en ces âges critiques où nous entrons, la foi, la force de caractère et le courage sont d’un aussi grand poids, sinon plus, que celui des plus lourds missiles de l’Ennemi. Son mensonge aussi, si lourdement imposé qu’il soit aujourd’hui, s’évanouit en fumée dès lors que vous le reconnaissez pour tel : ombre gigantesque mais vide, à l’image de ce spectre hideux que la vierge Eowyn disloque d’un coup d’épée dans le roman de Tolkien. La Vérité n’est pas de même poids que le mensonge : elle est une force spirituelle invincible.

Nous sommes entrés dans un âge où les meilleurs soldats ne seront pas les chevaliers de l’explosif ou de la kalaschnikof : ce seront ceux qui sauront utiliser la Vérité et qui auront le courage de la dire et de la répandre comme un flambeau dans la nuit. Ne prenez pas cela pour du lyrisme à bon compte ! Ce ne sont pas aujourd’hui les armements matériels les plus lourds ou les plus sophistiqués que redoute l’Ennemi, car ces trucs-là, c’est à l’échelle industrielle qu’il sait maintenant les fabriquer pour le plus grand bénéfice de son économie, de sa Bourse et du Veau d’Or qu’il sert – et la chair à canon pullule ! Non, ce qu’il craint le plus et qui lui met la peur au ventre et la sueur au front, c’est la VÉRITÉ – anthropologique, sociale, morale ou politique, mais, par dessus tout, historique. C’est cela qui fait trembler le Système : son propre mensonge, son imposture d’État qu’il s’efforce fébrilement de maintenir, c’est cela et rien d’autre qui le fera crever un jour comme une sale araignée noire.

N’en doutez pas, ce ne sont pas des divisions de chars, des flottes de guerre ou des commandos bardés de ferraille qui le blesseront un jour à mort, c’est la main d’une fille au regard clair et droit : cette Vérité que vous oserez dire et lancer partout autour de vous, en toutes circonstances, comme des torches de feu. Voilà ce qui démasquera Mammon et son Système abhorré : Des hommes et des femmes ignorant la peur et qui auront su faire de la Vérité le fondement religieux de leur vie.

M.R

LE MANAGEMENT PAR LA PEUR

En 2000, France Télécom lance le plan NExT, plan de redressement qui induit un management violent. Entre 2000 et 2011, 59 salariés se sont suicidés, certains laissant derrière eux des lettres mettant en cause leurs conditions de travail extrêmement dures. Des mots ont depuis été mis sur ces agissements : le management par la peur.
Le management par la peur consiste à augmenter le rendement et la productivité d’une entreprise en faisant peser stress et peur sur les collaborateurs.

De nombreux mécanismes sont mis en place afin que les salariés se trouvent en situation de stress important, et ainsi augmentent rendement et productivité, en se dévouant corps et âme à l’entreprise, alors devenue toute puissante.

Une équipe s'est mise en place au sein de France Télécom, appelée Observatoire du Stress et des Mobilités Forcées : ces chercheurs ont noté que le management par la peur suivant une technique dite des "5M" :

Management par le stress : on fait peser sur le salarié des objectifs toujours plus grands, en instaurant une guerre entre collobrateurs (efficacité, promotions accordées aux plus serviles plutôt qu'aux plus compétents), en surchargeant de travail sans rien accorder en retour.
Mobilité forcée et Mouvement perpétuel : les salariés sont en situation permanent de mobilité géographique comme de poste. Constamment dans une situation incertaine, elles sont déstabilisées et ne peuvent s'adapter.
Mise au placard : les salariés qui tentent de résister sont stigmatisés et punis. Par exemple, on leur confiera de moins en moins de responsabilité, de travail, on les coupera petit à petit de leurs collègues en les isolant.
Mise en condition de retraite forcée : les personnes à partir de 50 ans sont poussées à partir, notamment lors des entretiens annuels.
Le management par la peur instaure des situations d'urgence : dans cette frénésie, en compétition constante pour être le plus productif, le salarié ne peut dégager de temps pour prendre du recul sur la situation. En outre, ce type de management met en place une hypersurveillance du salarié (caméras, logiciels de contrôle du temps de travail), tout en lui fixant des objectifs inatteignables, qui le placent en situation de "faute prescrite" et donc de culpabilité. Le management par la peur induit également un climat du "tous complices" : par exemple, France Télécom a pendant un temps imposé aux managers de supprimer 10% de leur équipe chaque année. Ne pas dénoncer ces agissements, infliger à l'autre le stress... Tout cela conduit à un climat général de plus en plus tendu.

L'une des problématiques essentielles est que nous nous trouvons actuellement dans un contexte qui banalise le management par la peur, le justifie presque : la crise sert de couverture à ces agissements cruels, à ces stratégies mises en place par les entreprises pour faire plier leurs salariés. Les salariés eux-mêmes soutiennent ces agissements : on n'a pas le choix, c'est la crise, il faut bien s'adapter..."

Sachez que de nombreuses solutions existent pour pouvoir vous confier lorsque vous vous trouvez en situation de souffrance au travail : votre médecin généraliste ou du travail, un psychologue ou psychothérapeute, ou encore le CHSCT de votre entreprise (soumis au secret professionnel, ils pourront engager un groupe de travail si plusieurs personnes se plaignent, sans révéler les sources).

Enfin, sachez que selon l’article L 230-2 du Code du Travail, l’employeur est tenu de mettre en place "les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs".


RENDEZ VOUS SUR LILLE AVEC LUCIEN CERISE

Conférence de Lucien Cerise le Samedi 30 mai 2015 à Lille

avec Egalité et Réconciliation " Région Nord "



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              L'individualisme est souvent analysé comme un repli généralisé sur la vie privée. À travers ces trois ouvrages et à propos de sujets très variés, Alain Ehrenberg démontre qu'il s'agit plutôt de la généralisation d'une norme d'autonomie. Cette norme impose un changement des rapports entre privé et public, car l'autonomie exigée dans le domaine public prend ses appuis dans le domaine privé. Dans les deux domaines, privé et public, la réussite impose de plus en plus les mêmes outils : savoir communiquer, négocier, se motiver, gérer son temps…
Un thème central de cette recherche est celui de la fragilisation des individus, qui doivent se produire eux-mêmes dans un monde de plus en plus morcelé.

Le premier volet de cette enquête cherche à montrer comment la montée en puissance des valeurs de la concurrence économique et de la compétition sportive (Le culte de la performance) dans la société française, a "propulsé un individu-trajectoire à la conquête de son identité personnelle et de sa réussite sociale, sommé de se dépasser dans une aventure entrepreneuriale".
Le second volet décrit comment cette conquête s'accompagne de souffrances psychiques. Dans L'individu incertain, Alain Ehrenberg montre le prix de l'autonomie : une exigence accrue de responsabilité. "Enjoint de décider et d'agir en permanence dans sa vie privée comme professionnelle, l'individu conquérant [analysé dans Le culte de la performance] est en même temps un fardeau pour lui-même. Tendu entre conquête et souffrance, l'individualisme présente ainsi un double visage". Deux pratiques de masse illustrent cette problématique : la mise en scène de soi avec les programmes de télé-réalité, les débats où les vies ordinaires "se donnent en pâture", et les techniques d'action sur soi au travers des drogues et des psychotropes. Dans les deux cas, il s'agit de symptômes concernant des troubles de la capacité à agir.

Le troisième volet est une enquête sur l'évolution de la notion psychiatrique de dépression, avec le passage d'une dépression basée sur le conflit entre désirs et morale, le refoulement, l'interdit… à une dépression traduisant un manque d'énergie et de désir. La compétition sportive, la télé-réalité, les addictions ou la dépression, sont utilisés par Alain Ehrenberg comme analyseurs des mutations de l'identité et du rapport entre identité et action. À chaque fois sont croisées plusieurs approches : historique, anthropologique, sociologique, politique.            

Le culte de la performance

"Le culte de la performance prend son essor au cours des années 80 à travers trois déplacements. Les champions sportifs sont des symboles d'excellence sociale alors qu'ils étaient signe de l'arriération populaire. La consommation est un vecteur de réalisation personnelle alors qu'elle connotait auparavant l'aliénation et la passivité. Le chef d'entreprise est devenu un modèle de conduite alors qu'il était l'emblème de la domination du patron sur l'ouvrier."
"Ce culte inaugurait ainsi de nouvelles mythologies permettant à chacun de s'adapter à une transformation majeure : le déclin de la discipline au profit de l'autonomie. Épanouissement personnel et initiative individuelle sont les deux facettes de cette nouvelle règle du jeu social".

L'individualisme confronte à l'incertain. Chacun doit s'appuyer sur lui-même pour construire sa vie, l'inventer, lui donner un sens. Cela était auparavant limité au élites et aux artistes, "qui se sont les premiers construits autour d'une obligation d'incertitude". Ce mode d'existence est aujourd'hui celui de tout le monde, mais différemment dans les quartiers chics et dans la galère. La référence à soi comme mode d'action est un mécanisme général dans sa diversité : il est autant à l'oeuvre dans l'entreprise, la famille et l'école que dans le renouveau religieux, les groupes mystiques ou ésotériques. Partout l'action légitime se réfère à l'expérience, à l'authenticité, la subjectivité, la communication avec soi, avec l'autre, qu'il s'agisse de trouver Dieu ou un emploi".
Comme l'analyse Anthony Giddens, plutôt que d'individualisme il faudrait parler d'individuation : il s'agit moins d'un repli sur la sphère privée, d'un repli sur soi, que de l'attribution à l'individu du sens de sa vie. Plutôt qu'une perte de repères, il s'agit plutôt d'une multiplication des repères, liée notamment au développement de l'égalité. "Parce que chacun est plus égal, il prend en charge lui-même des problèmes qui relevaient de l'action en commun et de la représentation politique".

La frontière se brouille, la vie privée se modèle sur la vie publique : "un espace où l'on communique pour négocier et aboutir à des compromis au lieu de commander et d'obéir". L'individualisme contemporain est le produit de deux mutations parallèles : privatisation de la vie publique et publicisation de la vie privée. La fin des transcendances (Dieu, le progrès) impose à l'individu de devenir, dans l'incertitude, sa propre transcendance.

L'individu incertain

"Nous codons aujourd'hui une multiplicité de problèmes quotidiens dans le langage psychologique, et particulièrement dans celui de la dépression, alors qu'ils étaient énoncés, il y a encore peu, dans le langage social ou politique de la revendication, de la lutte, de l'inégalité". Nous sommes donc sommés d'être responsables de nous-mêmes à un point jamais atteint dans l'histoire humaine. Cette augmentation de responsabilité nous rend plus vulnérables.

Pour alléger ce poids et faciliter la capacité d'agir, nos sociétés offrent toutes sortes de possibilités que l'auteur regroupe en deux catégories : les moyens d'action sur soi de la pharmacologie (drogues illicites, anxiolytiques, antidépresseurs) et les mises en scène de soi des technologies de la communication (interactivité, reality-shows, cyberespace).

Dans un premier chapitre, Alain Ehrenberg analyse l'usage et les représentations de l'alcool, des drogues et des médicaments ("Sister morphine et Miss Prozac"). Pour comprendre pourquoi l'usage et l'abus sont distingués pour l'alcool et les médicaments, mais pas pour la drogue, pour laquelle un petit euphorisant ou un petit opiacé sont mis au même niveau, il formule une hypothèse audacieuse : c'est le rapport entre vie privée et vie publique qui le détermine. "Les drogues sont un raccourci chimique pour fabriquer de l'individualité, un moyen artificiel de multiplication de soi, qui suscite simultanément la hantise d'une vie privée illimitée, c'est-à-dire d'une société sans espace public, donc invivable".
L'hypothèse centrale d'Alain Ehrenberg est que "la généralisation de la recherche de sensations et le basculement de la télévision dans le terminal relationnel sont symptomatiques des troubles de la distance et de la confusion du public et du privé".

La fatigue d'être soi

"La fatigue d'être soi" est d'abord l'histoire de la dépression. Cette approche historique permet d'éclairer un déplacement fondamental, de la culpabilité à la responsabilité. Ce déplacement suppose l'effacement de la référence au conflit.

La dépression renvoie de moins en moins à la culpabilité et de plus en plus à l'inhibition. Ce n'est plus le refoulement de désirs interdits qui en est l'origine, mais "le poids du possible", la confrontation entre la notion de possibilité illimitée et celle d'immaîtrisable. Alain Ehrenberg cite Wittgenstein : "Tout est devenu si compliqué que, pour s'y retrouver, il faut un esprit exceptionnel. Car il ne suffit plus de bien jouer le jeu ; la question suivante revient sans cesse : est-ce que tel jeu est jouable maintenant et quel est le bon jeu ?". "Quel que soit le domaine envisagé (entreprise, école, famille), le monde a changé de règles. Elles ne sont plus obéissance, discipline, conformité à la morale, mais flexibilité, changement, rapidité de réaction, etc. Maîtrise de soi, souplesse psychique et affective, capacités d'action font que chacun doit endurer la charge de s'adapter en permanence à un monde qui perd précisément sa permanence, un monde instable, provisoire, fait de flux et de trajectoires en dents de scie". Être propriétaire de soi ne signifie pas que tout est possible. La fatigue dépressive a remplacé l'angoisse névrotique. "La dépression et l'addiction sont les noms donnés à l'immaîtrisable quand il ne s'agit plus de conquérir sa liberté, mais de devenir soi et de prendre l'initiative d'agir". "À l'implosion dépressive répond l'explosion addictive, au manque de sensation du déprimé répond la recherche de sensations du drogué". Dépression et addiction seraient donc des pathologies de la responsabilité.

2) Quelques chapitres

Dans cette deuxième partie, je propose de présenter des extraits de chapitres qui, dans chacun des ouvrages, m'ont paru particulièrement éclairants.

2.1) "La compétition : une mise en forme de la contradiction démocratique"

Le caractère égalitaire de la culture moderne se traduit par le fait, qu'idéalement, "tous peuvent, a priori, entrer en compétition avec tous". "Seulement nous savons bien que tout le monde n'est pas égal devant l'égalité". "Nous sommes en principe égaux et en pratique hiérarchisés en fonction de principes non égalitaires parce que nous vivons dans une société stratifiée : les positions inaccessibles sont d'autant plus nombreuses que l'on descend dans la hiérarchie sociale".

Le sport vient résoudre cette contradiction en mettant en scène un individu quelconque, qui, par sa seule valeur, sort de l'anonymat et triomphe. "La valeur heuristique du sport consiste en ce qu'il permet de saisir l'expérience ordinaire des hommes ordinaires, une certaine mise en forme de la coexistence humaine [...], de la mesure de nos propres capacités dans un univers irréfutable". Le sport montre comment n'importe qui peut devenir quelqu'un. C'est une "illusion réaliste", qui "résout en imagination, c'est-à-dire sans rien modifier du paysage des structures sociales, un des dilemmes centraux de la condition démocratique, de notre expérience subjective et ordinaire de la vie : la tension entre égalité de principe des hommes et leur inégalité de fait. La compétition sportive dénoue cette tension en la rendant non contradictoire".

Le sport est populaire parce qu'il symbolise, mieux que le politique, la prise de l'individu sur son destin, sans la médiation d'une action collective. "On met en scène les aspirations égalitaires d'une société travaillée par les inégalités de tous ordres". Dans une analyse historique du hooliganisme, "la rage de paraître", Alain Ehrenberg montre la logique identitaire dans l'exemple anglais : "Dans une société où les barrières de classe ont beaucoup mieux résisté qu'en France et où les chances de mobilité professionnelles pour les ouvriers sont encore moindres, l'hooliganisme est une solution cohérente, malgré son apparente déraison, dans une situation qui, elle, est sûrement déraisonnable".

Dans une société du spectacle, de la singularisation spectaculaire, les hooligans manifestent la volonté de ne rendre visibles qu'eux-mêmes. Ils sont le reflet d'une société sauvage.

2.2) "Alcool public, drogue privée" (dans L'individu incertain)

"Pourquoi l'alcoolisme est-il un aspect de la consommation de l'alcool, alors qu'usage, abus et dépendance sont encore généralement confondus en matière de drogue ?"

L'hypothèse d'Ehrenberg est qu'il s'agit moins de réalité que de mythologie : l'alcoolisme demeure en France une activité largement publique, alors que la drogue renverrait au privé, et à un privé refusant, se coupant du public. "L'alcool est un moteur de parole, une dynamo de la communication. Il est le support d'une imagerie désordonnée de la sociabilité parce qu'il est à la fois assimilé aux classes populaires et au débit de boisson qui est leur chez-soi. Cette sociabilité s'oppose à celle de l'apéritif bourgeois dans l'espace domestique, définissant ainsi deux manières du bien boire selon l'appartenance sociale ; le mal boire est l'alcool pris chez soi et seul, le bien boire se déroule au café, il désinhibe l'individu et favorise la socialité".

Se référant à De Quincey, Alain Ehrenberg pose une question centrale des drogues : "celle d'une distance minimum à soi sans laquelle on perd contact avec autrui. L'ambivalence des drogues tient à ce qu'elles permettent d'accéder à moindre effort à l'expérience de l'individualité tout en confrontant celui qui en prend aux limites à partir desquelles il est prisonnier du produit". Dans un raccourci saisissant, Alain Ehrenberg résume cette mythologie : "Dépossession de soi-même ou recherche d'une plus grande maîtrise, la drogue est un raccourci vers le for intérieur. L'alcoolisme à l'inverse apparaît comme un raccourci pour la communication avec l'autre".

La conclusion de La fatigue d'être soi

"La dépression et l'addiction sont les noms donnés à l'immaîtrisable quand il ne s'agit plus de conquérir sa liberté, mais de devenir soi et de prendre l'initiative d'agir. Elles nous rappellent que l'inconnu est constitutif de la personne, aujourd'hui comme hier. Il peut se modifier, mais guère disparaître - c'est pourquoi on ne quitte jamais l'humain. Telle est la leçon de la dépression. L'impossibilité de réduire totalement la distance de soi à soi est inhérente à une expérience anthropologique dans laquelle l'homme est propriétaire de lui-même et source individuelle de son action.

La dépression est le garde-fou de l'homme sans guide, et pas seulement sa misère, elle est la contrepartie du déploiement de son énergie. Les notions de projet, de motivation, de communication dominent notre culture normative. Elles sont les mots de passe de l'époque. Or la dépression est une pathologie du temps (le déprimé est sans avenir) et une pathologie de la motivation (le déprimé est sans énergie, son mouvement est ralenti, et sa parole lente). Le déprimé formule difficilement des projets, il lui manque l'énergie et la motivation minimale pour le faire. Inhibé, impulsif ou compulsif, il communique mal avec lui-même et avec les autres.
Défaut de projet, défaut de motivation, défaut de communication, le déprimé est l'envers exact de nos normes de socialisation. Ne nous étonnons pas de voir exploser, dans la psychiatrie comme dans le langage commun, l'usage des termes de dépression et d'addiction, car la responsabilité s'assume, alors que les pathologies se soignent. L'homme déficitaire et l'homme compulsif sont les deux faces de ce Janus".

M.R

MANIF A ROUEN CONTRE LES CONDITIONS DE TRAVAIL ET LE MANAGEMENT BRUTAL !!!

La mairie de Rouen (Seine-Maritime) a été secouée par un mouvement social, du samedi 20 au lundi 22 juin 2015. En cause, selon les agents grévistes, une dégradation des conditions de travail, une souffrance croissante au travail et des soucis récurrent de management. Un mouvement inédit dans sa forme, emmené pour la première fois par un front syndical uni (CFDT-CFE/CGC-CGT-FO-Sud). Alors que le mouvement semble être sur la fin, le préavis courant jusqu’à lundi 22 juin 2015 n’ayant pas été renouvelé, la municipalité assure prendre toute la mesure des problèmes soulevés par les salariés. Le point, sur Normandie-actu, avec Olivier Mouret, élu en charge du personnel, après un après-midi de réunion avec les agents, lundi.

Olivier Mouret, comment la municipalité a-t-elle accueilli ce mouvement social ?
Beaucoup de choses se sont entremêlées, mais, déjà, entre la rencontre de jeudi dernier et celle de cet après-midi (ndlr : lundi 22 juin 2015), le climat a considérablement évolué, dans un sens constructif. Beaucoup de choses ont été mises sur la table, et il a fallu peu à peu traduire de manière concrète le ressenti global. Premièrement, ce que l’on observe, c’est une ambiance générale qui s’est détériorée, à mesure que partout, on parle de baisse des dotations de l’État. Cela inquiète, légitimement, les agents municipaux. Mais là, nous avons voulu les rassurer. La municipalité de Rouen n’a pas prévu de dégraisser, ni de licencier. Tout cela est dans les comptes, publics, mais là on se rend compte que des rumeurs – fausses – ont alimenté les craintes des agents municipaux.

Et sur les aspects plus spécifiquement rouennais ?
Des questions sur la dégradation des conditions de travail, la souffrance au travail, des soucis avec le management, ont été soulevées. Là encore, nous sommes à l’écoute. On peut apporter d’ores-et-déjà des explications. Dans le cadre de transferts de missions à la Métropole, ces dernières années, les services sont peu à peu réorganisés. Cela change la manière de travailler, et la transition n’est pas terminée. Ce qui peut amener des confusions, les agents parfois ne savent plus qui fait quoi, qui désormais est responsable de telle ou telle compétence. D’où l’impression également que les postes à responsabilité se sont multipliés. Mais je le répète, c’est un processus, l’organisation n’est pas encore calée.

Un mot sur les écoles, qui font l’objet de discussions spécifiques ?
Les écoles, avec 1 000 agents au total, représentent le tiers des emplois de la Ville de Rouen. Elles sont également confrontés à un grand défi, avec la réforme des rythmes scolaires. Une réforme qui étend les missions de l’écoles, et qui s’est traduit par des embauches, à Rouen. Mais là aussi, il y a une organisation nouvelle à mettre en place, et parfois, des décalages entre ce qui est attendu et les moyens mis en place.

Que va-t-il se passer, désormais ?
Une nouvelle réunion est prévue mardi prochain (30 juillet 2015), puis d’autres à partir de la rentrée. Nous allons reprendre tous les points concrets soulevés, établir un calendrier des priorités, service par service.

Avez-vous été surpris par ce mouvement ?
J’ai été surpris par certains côtés irrationnels. Mais on sent aussi que les agents sont très attachés à la qualité du service rendu à la population. Nous sommes conscients, qu’actuellement, il y a l’impression d’une perte de sens, d’un travail qui n’est pas suffisamment reconnu.

M.R

Atelier de ré-information active avec Lucien Cerise

À l’invitation d’E&R Lille, Lucien Cerise a présenté le 30 mai dernier les pistes à explorer pour contribuer de manière active à une ré-information des populations la plus large et la plus efficace possible.

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Atelier-de-re-information-active-avec-Lucien-Cerise-35656.html

Quels sont les risques de la démotivation des salariés pour une entreprise ?

La démotivation est un fléau au sein de l’entreprise, qu’il vaut mieux prévenir que guérir. La démotivation est par ailleurs contagieuse et une fois installée, il est difficile de la renverser à moins d’opérer de grands changements. Qu’est-ce que la démotivation ? Quelles en sont les causes ? Et surtout quelles conséquences pour votre entreprise ? Comment vaincre la démotivation ?

 

1. Qu’est-ce que la démotivation ?

La démotivation est l’absence de volonté ou de raison d’agir. On comprendra donc que lorsqu’elle devient professionnelle, les conséquences sont dangereuses pour une entreprise. Elle doit être différentiée des passages à vide, qui sont plus généralement dus à des problèmes plus personnels. Toutefois la démotivation existe sous deux stades plus ou moins avancés : passagère ou durable.   Il est impératif de prendre en charge la démotivation d’un salarié avant que celle-ci devienne profonde et puisse parfois se répercuter sur d’autres membres de l’équipe. Bien évidemment plus le problème est géré tard, plus la remotivation sera difficile… parfois impossible.

Le manager doit donc être à l’affût des signes annonciateurs de la démotivation :

  • implication en berne
  • retards inhabituels
  • erreurs ou étourderies dans le travail
  • sentiment de sabotage de certaines actions
  • comportement irascible
  • absences répétées sans motif justifié
  • arrêts maladie à répétition
  • baisse de la productivité
  • non prise en compte des avertissements

2. Quelles sont les causes de la démotivation ?

La démotivation peut venir autant de conditions professionnelles que personnelles. Dans le premier cas, il est possible pour l’entreprise d’agir pour inverser la tendance. En revanche, dans le second cas de figure où ces raisons sont personnelles, il est difficile de mettre en place une méthode efficace. En effet, que ce soit pour des raisons de santé, de dépression, de situation personnelle, la démotivation d’un employé ne peut pas être prise en charge par l’entreprise. Il reste au manager de faire son possible pour être disponible et compréhensif pour épauler au mieux son collaborateur, voire de le faire accompagner par un coach professionnel.

Quand la démotivation naît de facteurs liés à l’entreprise, elle peut venir :

  • d’un travail pénible et/ou répétitif
  • d’un mauvais management
  • d’horaires de travail contraignants
  • d’une surcharge de travail
  • d’aucune évolution professionnelle
  • d’une faible rémunération
  • d’objectifs inatteignables
  • d’un manque de reconnaissance professionnelle
  • d’un poste susceptible de créer l’isolement
  • d’incertitude quant à son avenir
  • d’une mauvaise ambiance/rivalité avec les collègues
  • d’un mauvais équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle

Dans certains cas, la démotivation résulte d’un problème de management. Encore trop souvent utilisé, le management pyramidal crée chez les salariés un manque d’implication dans le projet global de l’entreprise.

 

3. Quelles sont les conséquences de la démotivation des salariés pour une entreprise ?

Les conséquences sont hélas aussi nombreuses que sont les sources de démotivation. Et la première à payer les frais d’un tel désengagement est bien évidemment l’entreprise. Tout d’abord, il faut bien garder à l’esprit que la démotivation est communicative. Il suffit parfois d’un seul salarié démotivé pour impacter toute une équipe. En effet, démotivé, un salarié est bien souvent stressé, agressif, réfractaire aux nouveautés et à toutes formes de communication. C’est donc un véritable frein aux relations professionnelles constructives.  Plus encore, cela peut devenir un cercle vicieux qui impacte directement la productivité en générale et trop souvent la qualité du travail. Si on devait résumer les conséquences de la démotivation d’un salarié sous l’aspect le plus négatif qu’il soit, cela correspondrait à :


Certes ce tableau est assez noir, mais il ne faut absolument pas prendre la démotivation de ses salariés à la légère. Même si tous les scénarios ne sont heureusement pas aussi alarmistes, il est impératif de ne pas laisser une telle situation se gangrener. Il est donc du devoir du manager ou du chef d’entreprise de prendre le sujet au sérieux pour ne pas mettre en péril son équipe ou son entreprise.

Autre cas possible, la démotivation pousse les salariés à fuir l’entreprise, y compris vos meilleurs éléments. Nul n’est irremplaçable, c’est un fait, mais il est souvent dommageable pour une entreprise de perdre des talents, qui plus est lorsque l’on sait qu’il était possible de le conserver dans ses effectifs.

 

 Comment vaincre la démotivation ?

Nous l’avons évoqué précédemment, il est primordial de gérer le problème dès que les premiers signes surviennent afin de le désamorcer au plus vite. Pour cela, la meilleure méthode à adopter est avant toute chose d’entamer le dialogue. Aucun besoin de formaliser l’entretien en convoquant la personne (sauf en cas de faute grave). Parfois provoquer une simple conversation informelle peut amener à évoquer les difficultés ressenties par le salarié ou ses motivations intrinsèques. C’est aussi l’opportunité de déceler si la démotivation est d’ordre professionnel ou personnel. Dans ce cas-là, n’insistez pas plus qu’il ne le faut. Montrez-vous compréhensif et disponible en précisant que vous êtes confiant dans le fait que ce laisser-aller ne sera que passager.

Si la démotivation est liée à la situation professionnelle, soyez attentif car chaque élément que votre collaborateur vous donnera, devra vous servir pour préparer la méthodologie à adopter. Il est préférable de ne pas donner de solutions concrètes lors de cette conversation. Le meilleure attitude à adopter est de bien relever chaque point évoqué, demander quelles sont les attentes éventuelles et terminer en expliquant que vous allez étudier la question avec attention.

Évitez de donner une réponse négative aux suggestions proposées, vous prendriez alors le risque de voir votre collaborateur se braquer davantage. Bien sûr, se donner le temps de la réflexion, ne veut pas dire laisser dormir le sujet sur un coin du bureau. Traitez-le rapidement. Il est important que des solutions soient apportées à cette situation pour ne pas conforter le salarié dans sa rupture avec l’entreprise.


M.R

Identifier les principales causes de souffrance liée au travail et les améliorations possibles (le patient peut faire une balance décisionnelle) :

  • Liées aux conditions de travail :
    • - Surcharge, sous charge de travail
    • - Horaires de travail
    • - Sur ou sous qualification
    • - Taches répétitives monotones
    • - Confrontation à la souffrance des autres
    • - Mutations, changements de poste
    • - Mauvaises conditions de travail et de sécurité
  • Liées aux facteurs humains et relationnels :
    • - Agressions verbales, physiques, incivilités (notamment lors de travail au contact du public)
    • - Conflits non extériorisés, non résolus
    • - Mésentente professionnelle : conflit de valeurs
    • - Absence de reconnaissance de la qualité du travail accompli, climat d'injustice
    • - « Maladresse » managériale : humiliante, agressive (dirigeant caractériel), stressante (dirigeant obsessionnel)…
    • - Isolement du travailleur
  • Liées aux méthodes de management actuelles :
    • - Méthodes d'évaluation, de notation du travail
    • - Niveau d'autonomie, latitude décisionnelle insuffisants
    • - Objectifs à atteindre, pression temporelle
    • - Injonction paradoxale : fixer un objectif mais sans en donner les moyens de l'atteindre.
    • - Intensification du travail / stress, cadences
    • - Restructuration qui peut briser le collectif de travail et la coopération entre les salariés
    • - Perte du dialogue / perte du déficit d'expression
    • - Précarité de l'emploi, source d'insécurité
    • M.R


A LA POSTE IL Y A AUCUNE HUMANITE     Vendredi 28 Octobre 2016

Les facteurs vont mal. Burn-out, arrêts maladie à la pelle et même tentatives de suicide, le malaise social gronde au sein du groupe La Poste. Point d’orgue, le 19 février dernier à Villeneuve d’Ascq (Nord). Une factrice est victime d'un A.V.C. Elle affirme que sa direction lui a “mis la pression” pour venir travailler alors qu’elle venait de prévenir qu’elle ne se sentait pas bien. Depuis la médiatisation de cette affaire, en septembre dernier, des facteurs de toute la France racontent le spleen qu’ils traînent au boulot depuis plusieurs années.

“Cela fait cinq ou six ans que la situation s‘est compliquée”, nous explique David, 35 ans et facteur à Paris depuis 2002. En cause selon lui, le management au sein de l’entreprise. “On est de moins en moins de salariés. Et même si le volume de courrier diminue, on a de plus en plus de tâches à faire”.

“Même en courant on ne termine jamais à l'heure”

Le groupe a diversifié ses activités depuis plusieurs années, et confie ces tâches aux facteurs. “Par exemple, on doit aller voir les personnes âgées. Sur le principe c’est bien, mais on n’a pas le temps. Souvent je me rends au domicile, je demande à la personne si elle va bien, je lui fais signer un papier et c’est tout. D’autant qu’on doit cocher une case si la personne se porte bien. Sauf qu’on n'est pas des médecins”, explique David. “Il y a même des facteurs qui promènent le chien”, ajoute le facteur. Des tâches qui sont prévues sur la tournée de distribution du courrier.

“Même en courant, on ne termine jamais à l’heure. C’est impossible. Donc on est obligés de renier des tâches que l’on faisait pour terminer à l’heure”. D’autant que si les facteurs dépassent le temps de leur tournée, les heures supplémentaires ne sont pas payées. “Il m’arrive de terminer à 16 heures au lieu de 13h30. Pour essayer de terminer à l’heure, j’ai rogné sur ma pause de 20 minutes, j’ai aussi commencé à venir plus tôt, à 6h au lieu de 6h30, mais ce n’est plus tenable”, poursuit David.

“Mon entourage et mon médecin m'ont sauvé”

“Souvent, il y a des tournées qui ne sont pas terminées par manque de temps. Les facteurs ramènent le courrier au centre ou alors dépassent leurs horaires. Tout ça par manque de personnel. Par exemple, dans mon équipe de quatre, un départ à la retraite n’a pas été remplacé, un congé maternité non plus. Donc nous sommes deux pour abattre le travail de quatre personnes. Ce n’est pas tenable”, ajoute Gwendoline*, qui travaille à Dieppe (Seine-Maritime) depuis 2002. Des conditions de travail qui pèsent sur sa santé. “L’an dernier j’ai fait un burn-out. Je ressentais des douleurs dans la poitrine, une boule au ventre à cause du stress. J’ai été arrêté 5 mois, j’ai consulté un médecin et un psychologue. Sans eux et mon entourage, j’aurais fait une bêtise. Ils m’ont sauvé”, ajoute David, ému.

Depuis, il est retourné travailler, mais toujours dans des conditions difficiles. “Il y a quelques semaines, j’ai ramené du courrier car ce n’était pas possible de terminer la tournée dans les temps. A cause de cela, j’ai eu un blâme. A La Poste, il n’y a aucune humanité”. Une collègue de David s’est donné la mort, il y a quelques années, en sautant d’une fenêtre du cinquième étage, après un entretien avec son chef d’équipe. Selon un décompte de RTL, depuis trois ans, au moins neuf facteurs se sont donné la mort, sans compter les tentatives heureusement avortées.

Un parallèle avec France Telecom

“On est le nouveau France Telecom” ose même David, en référence à la vague de suicides qui a touché l’opérateur entre 2008 et 2009. Une vingtaine de salariés s’était donné la mort, certains évoquant “un management de la terreur”. Dans une interview au quotidien Le Monde la DRH du groupe La Poste, Sylvie François, se défend : “Nous sommes une entreprise humaine et responsable. Il n’y a pas de mobilité forcée, pas de formation de manageurs de façon inhumaine”, défend-elle.

Des experts indépendants ont demandé à la direction de réagir face à la “dégradation rapide des conditions de travail”. Le groupe La Poste a suspendu les projets de réorganisation des métiers du courrier jusqu’à la mi-décembre, soit la date de fin envisagée des négociations sur les conditions de travail des facteurs et de leurs encadrants.

M.R

Un revenu contributif à Plaine Commune par Bernard Stiegler, Jean-Marie Bergère - 12 Septembre 2016

par Bernard Stiegler, Jean-Marie Bergère - 12 Septembre 2016

L'idée de revenu universel renvoie le plus souvent à des politiques globales menées au niveau d'un Etat, voire à des propositions concernant l'Europe toute entière. Mais on voit que c'est aussi avec des acteurs locaux et des territoires que des propositions voisines peuvent être expérimentées. C'est notamment le cas sur le territoire de l'intercommunalité Plaine Commune en Seine-Saint-Denis : Jean-Marie Bergère s'en est entretenu ave le philosophe Bernard Stiegler puis avec le chef d'entreprise Francis Dubrac, le Président de Plaine Commune Promotion.

 

Une expérimentation de revenu contributif à Plaine Commune

Il faut prendre au sérieux l'affirmation selon laquelle l'expérimentation d'un revenu contributif n'est pas menée sur le territoire de Plaine Commune, mais bien avec le territoire. Programmée sur plusieurs années, elle s'inscrit comme une étape dans le travail philosophique de Bernard Stiegler, mené depuis une trentaine d'années en son nom et au nom de l'association Ars Industrialis qu'il préside. Mais elle ne pourrait pas avoir lieu si elle ne répondait pas aussi avec force à la demande inquiète et impérieuse des élus du territoire de Plaine Commune de « faire quelque chose », quelque chose qui donne de l'espoir et du courage à ceux qui y vivent et que « l'empêchement de rêver peut rendre fou au point de devenir criminel » comme l'écrit Bernard Stiegler dans son dernier livre Dans LA disruption - Comment ne pas devenir fou.

 

J'ai découvert le travail de Bernard Stiegler grâce à son livre Aimer, S'aimer, nous aimer - Du 11 septembre au 21 avril, publié en 2003, après qu'en mars 2002, Richard Durn ait assassiné huit membres du Conseil municipal de Nanterre et qu'en avril 2002 le candidat du Front national ait été présent au second tour de l'élection présidentielle. La profondeur et l‘originalité de l'analyse qui y était développée pour tenter de comprendre, et donc d'agir, contre le mal-être, le « dégoût de soi » et la violence criminelle, et contre l'exploitation politique qui en était faite, m'avaient frappé. On n'y parlait pas d'un possible revenu contributif, mais je retiens cette phrase qui en indique l'ambition : « Il ne s'agit pas plus de s'adapter que de résister : il s'agit d'inventer. Et une telle invention ne peut être qu'un combat, qui ne peut lui-même être qu'une critique radicale ».

 

Bernard Stiegler a publié une trentaine de livres, une multitude d'articles, de conférences et de cours. Lorsqu'il me reçoit dans les bureaux de l'Institut de Recherche et d'Innovation qu'il dirige, je lui propose dans un premier temps de préciser quelques idées qui constituent autant de portes d'entrée dans une œuvre nourrie d'une vaste érudition philosophique, pas avare de néologismes et de termes spécialisés, et souvent difficile d'accès.

 

Tous prolétaires

Prolétaire n'est pas un néologisme, c'est plutôt un terme tombé en désuétude. La disparition des prolétaires aurait suivi le déclin du travail en usine et la fin de la croyance dans le rôle révolutionnaire du prolétariat promu au rang de sujet de l'Histoire. A rebours de cette pensée lénifiante, la prolétarisation constitue pour Bernard Stiegler un phénomène actuel et une cause essentielle du mal-être et du désespoir qui nous atteint. La prolétarisation n'est pas réservée aux ouvriers. Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine de 1987 à 2006, lorsqu'il explique à propos de crise des subprimes que « s'il n'a rien vu venir, c'est parce que tout passait par des machines automatisées », se décrit lui-même « comme un prolétaire d'un nouveau genre » (L'emploi est mort, vive le travail. Bernard Stiegler. Entretien avec Ariel Kirou. 2015). Il était lui aussi « affecté par l'automatisation et la modélisation algorithmique », une force de travail privé de tout savoir singulier. Nonobstant son salaire considérable, « c'était un employé de la bureaucratie financière mondiale, prolétarisé comme le sont tous les employés ».

 

S'il faut craindre la prolétarisation et lutter contre elle, c'est parce qu'elle est fondamentalement un processus de privation de savoirs, de savoir-faire, de savoir-vivre, de savoir concevoir. Si Bernard Stiegler écrit de façon très radicale que « depuis très longtemps on ne travaille plus dans notre société », c'est en raison de la haute idée qu'il a du travail : « Le travail c'est ce par quoi on cultive un savoir, quel qu'il soit, en accomplissant quelque chose ». Mais plutôt que regarder avec nostalgie du côté du travail des artisans, Bernard Stiegler trouve son inspiration dans le travail des ingénieurs et développeurs du logiciel libre : « il m'a fallu quelques mois et quelques voyages, notamment à Berlin, pour forger ma conviction que le logiciel libre correspondait à un modèle économique non seulement viable, non seulement durable, mais extraordinairement gratifiant pour ceux qui le pratiquaient et qui, bien qu'il s'agisse d'un travail industriel, et parce qu'il est fondé sur le développement et le partage de responsabilités et des capacités, ne conduisait pas à la prolétarisation, mais, tout au contraire, installait la déprolétarisation au cœur d'une nouvelle logique fondée sur la valorisation et le partage des savoirs ».

 

Le travail contributif, condition posée pour percevoir un revenu contributif, devra répondre à ces conditions et installer la « déprolétarisation ». Il a plus à voir avec le mouvement des makers qu'avec l'obligation d'accepter un emploi comme contrepartie à toute allocation. Il ne s'agit pas de lutter contre l'assistanat et ses effets délétères, mais d'engager un processus « d'individuation psychique et collective, processus par lequel se constituent et ne cessent de se transformer les individus et, avec eux, les sociétés qu'ils forment » (Réenchanter Le monde. La valeur esprit contre le populisme industriel. 2006).

 

Poison et remède

L'idée selon laquelle toute technologie est à la fois poison et remède est présente tout au long des livres de Bernard Stiegler. Le pharmakon est une puissance destructrice et curative. La pharmacologie tente d'appréhender « par le même geste le danger et ce qui sauve » (site Ars Industrialis. Vocabulaire). L'expérimentation menée avec le territoire de Plaine Commune et une partie de sa jeunesse, ne vise pas à trancher dans l'opposition entre technophiles et technophobes, optimistes et pessimistes, travail de la main et travail abstrait : « La question n'est pas de choisir entre automatiser ou ne pas automatiser. C'est de choisir, par un processus de désautomatisation des idées reçues qui s'appelle penser, entre une automatisation mise au service de la prolétarisation généralisée, d'un côté, et une automatisation mise au service de la déprolétarisation, de l'autre » (L'Emploi est mort, vive le travail, déjà cité).

 

C'est l'utilisation qui est faite des technologies qui peut être addictive et nous appauvrir. Google appauvrit le langage, les algorithmes privilégient la moyenne et le mimétisme des comportements, la puissance de calcul des ordinateurs sert le marketing ou le trading haute fréquence. Le Web peut fonctionner comme un système informationnel sans produire aucun savoir et nous laisser perdus, « désaffectés ». Mais il ne tient qu'à nous que ces technologies numériques soient le support de controverses entre pairs et productrices des savoirs que les producteurs, les consommateurs et les citoyens s'approprieront tout en y contribuant.

 

Bernard Stiegler fait siennes les analyses qui prédisent une destruction massive d'emplois : « L'automatisation, liée à l'économie des data, va déferler sur tous les secteurs de l'économie mondiale. Dans vingt ans, pas un n'aura été épargné. Les hommes politiques sont tétanisés par cette transformation imminente, qui va marquer le déclin de l'emploi - et donc du salariat. Faut-il s'en alarmer ? N'est-ce pas aussi une vraie bonne nouvelle ? » (L'Emploi est mort, vive le travail). Il ajoute un autre danger, celui des processus de prolétarisation eux aussi produits par la généralisation dans tous les domaines des dispositifs d'automatisation. Fidèle à ses convictions, il ne propose ni de s'adapter, ni de résister, mais d'inventer.

 

Les contributions à inventer ne devraient pas être seulement des « bonnes actions », des manifestations d'engagement citoyen, ni se transformer nécessairement en emplois. Elles s'inspireront des logiciels libres, de l'open source, des wiki, pour faire de Plaine Commune un territoire inventif, collaboratif, le prototype d'un territoire « capacitant » en référence à l'œuvre d'Amartya Sen. En ce sens l'objet de cette expérimentation est « une réinvention intégrale de l'éducation et des apprentissages élémentaires sous toutes leurs formes ». Elle s'adressera à des jeunes, bien avant leur entrée dans l'âge adulte, à l'âge où il est vital de développer ses savoirs et ses capacités, et de croire en un avenir possible.

 

Pour faire de la politique, il faut rêver

Dans son dernier ouvrage Dans La disruption - Comment ne pas devenir fou, Bernard Stiegler développe une troisième idée, celle de la « fonction politique du rêve ». A l'imaginaire qui domine nos sociétés, celui de la révolution numérique où l'ordinateur, sa puissance de calcul, les algorithmes, sont incontournables au point de nous faire craindre le "rêve cybernétique de mise en pilotage automatique des affaires humaines" (la mise en garde est d'Alain Supiot), il faut opposer la faculté de rêver ensemble, de « rêver pour faire corps ». Lorsque Martin Luther King proclame en 1963 « I have a dream », la réalisation de son rêve est improbable pour qui voudrait la déduire de calculs, inespérée. C'est un rêve « thérapeutique », car c'est l'empêchement de rêver qui « peut rendre fou au point de devenir criminel ». Pour faire face à « l'énergie mortifère du désespoir qui s'accumule partout » (Dans La disruption. Comment ne pas devenir fou), le motif de l'espoir ne peut être que « l'avenir comme possibilité improbable ». Ce que Bernard Stiegler appelle « un rêve réalisable », l'imagination étant une forme spécifique de la connaissance.

 

La disruption, ce n'est pas l'invention de rupture prônée par quelques start-ups, c'est le phénomène d'accélération de l'innovation qui « prend de vitesse les organisations sociales ». Cette accélération inédite et « foudroyante » provoque des « courts circuits » quand nous avons besoin de circuits longs et d'attention pour envisager la possibilité même de se projeter dans l'avenir, pour penser l'inattendu et produire les savoirs indispensables. La disruption nous laisse, nous et les pouvoirs publics, impuissants, dans un état de sidération, de « tétanisation ». C'est la « débandade », « l'incurie », la citoyenneté est remplacée par le consumérisme et « l'institution en tant que telle arrive toujours trop tard ».

 

En référence à la théorie des systèmes, Bernard Stiegler nomme entropie ce qu'il faut combattre. L'anthropocène désigne cette période pendant laquelle les activités humaines ont un impact négatif sur l'écosystème terrestre. Ce sont également les systèmes sociaux qui sont désorganisés, incapables de produire la moindre idée critique, devenant fous, à moins que nous n'opposions d'autres activités humaines. Ces activités doivent être productrices de néguentropie (d'entropie négative) c'est-à-dire productrices de nouvelles capacités, productrices de savoir-faire, de savoir-vivre et de savoirs théoriques. A l'opposé de la promesse « d'une fin de la théorie » (voir Metis : « A quoi rêvent les algorithmes ») seuls ces savoirs peuvent permettre de « penser le calcul par-delà le calcul - comme ce pouvoir de bifurquer qui constitue la fonction de la raison », et pourront former une « véritable culture digitale », celle d'un nouvel être moral, déprolétarisé, praticien plutôt que consommateur.

 

L'économie et le travail contributifs sont investis de la lourde mission de développer les usages « déprolétarisant » des technologies, d'inventer « un Web néguentropique », et ce faisant d'initier les processus d'individuation psychique et collective seuls en mesure de nous donner espoir et courage. Ce serait un miracle - Bernard Stiegler emploie le terme - mais avons-nous vraiment le choix ?

 

Une expérimentation avec le territoire de Plaine Commune

Dans L'Emploi est mort, vive le travail, Bernard Stiegler écrit « Il y a des réalités techniques qui ne sont accessibles que par l'expérimentation de leur fonctionnement ». Cette phrase permet de comprendre pourquoi cette expérimentation en est bien une et qu'il ne s'agit pas de mettre en œuvre un projet stabilisé comme d'autres proposent de mettre en œuvre leur programme politique ou leur doctrine.

 

Plaine Commune compte plus de 410 000 habitants dans 9 communes, dont Saint-Denis, Aubervilliers et Saint Ouen. C'est peu de dire qu'il est caractérisé par une situation objective très difficile. Deux chiffres : le taux de pauvreté y est de 35% contre 13% en Ile de France et le taux de chômage de 22% pour les 16-64 ans contre 9% pour la région. Le territoire est caractérisé aussi par la capacité d'initiative des élus et des responsables socio-économiques, de l'économie sociale et solidaire (ESS) et associatifs. L'enquête menée préalablement au lancement de l'expérimentation l'a confirmé. Le renouvellement économique est porté par la tertiarisation de l'économie en lien avec l'émergence du Grand Paris. Le territoire a fait l'objet de travaux d'aménagement, le plus emblématique étant celui du Stade de France et de ses alentours. Il accueille 45 000 étudiants dans les deux Universités de Paris 8 et Paris 13.

 

Le revenu contributif doit être versé à une centaine de jeunes vivant dans les communes de l'agglomération, deux cents peut être, afin de faire de Plaine Commune un territoire d'avenir grâce notamment à l'appropriation « raisonnée et délibérée » des technologies numériques. Il s'agit d'expérimenter de nouvelles architectures de réseaux et de nouvelles pratiques productrices de savoirs (savoir-faire, savoir-vivre et savoirs conceptuels), sans s'interdire aucune des contributions au bien commun qui pourront être imaginées au cours de l'expérimentation.

 

L'engagement dans ce « travail contributif » doit dans le même mouvement aider à construire l'avenir professionnel et la conscience citoyenne de ceux qui bénéficieront du « revenu contributif ». C'est l'expérimentation qui permettra de qualifier les activités qui entrent dans ce cadre et qui peuvent donner lieu à rémunération. La source d'inspiration est le mode de rémunération des intermittents du spectacle. Celle-ci est calculée en fonction de leur participation effective aux spectacles produits. Ils perçoivent entre temps une allocation justifiée autant pas la nécessité de leur assurer un revenu permanent que par celle de leur laisser des temps d'apprentissage, de préparation, de répétition, des temps qui les rendent capables de participer aux spectacles, cette participation étant la part visible de leur travail.

 

La chaire de recherche contributive

Le volet « chaire contributive » est là pour accompagner la mise en œuvre et assurer le suivi de l'expérimentation. Les doctorants, dans le cadre de la Maison des Sciences de l'Homme Paris-Nord qualifieront et valoriseront ces contributions productrices de néguentropie qu'il faudra comptabiliser et labelliser. Un appel à candidatures est actuellement en ligne pour une cinquantaine de thèses financées dans les disciplines académiques les plus diverses : juristes, économistes, mathématiciens, physiciens, ingénieurs, sociologues, anthropologues, psychologues, philosophes, informaticiens, télé-communicants, designers, artistes, etc.

 

La mise en réseau avec des acteurs internationaux mobilisés par des problématiques semblables permettra de confronter les travaux d'une quarantaine d'établissements de recherche d'Asie, d'Amérique et d'Europe réunis au sein du Digital Studies network créé par l'IRI. Elle permettra « également les échanges et le transfert d'expériences, ouvrant de nouvelles perspectives d'avenir ».

 

Le projet est porté par Ars Industrialis et l'IRI avec la Communauté d'Agglomération de Plaine Commune et la Maison des Sciences de l'Homme de Paris Nord (MSH/CNRS). Il a le soutien du ministère de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, du secrétariat d'Etat à l'Enseignement supérieur et de celui chargé de la Réforme et de la Simplification, ainsi que celui de la Fondation de France, d'Orange et de Dassault Systèmes. Une partie du financement reste à trouver. Faisons confiance à la force de conviction de Bernard Stiegler, de Patrick Braouzec, président de Plaine Commune, et à leurs partenaires et alliés pour rendre ce « rêve réalisable ».

 

Revenu d'existence et revenu contributif

Une précision importante. Ce revenu contributif ne se substitue pas au revenu d'existence dont Bernard Stiegler défend le principe par ailleurs. Il est complémentaire. Il obéit à une autre logique. L'expérimentation Plaine Commune ne porte pas sur la question de la rationalisation des aides publiques, ni sur celle d'un filet de sécurité pour tous. Elle a en commun avec ces autres projets et expérimentations de chercher des voies de distribution des revenus et de participation à la vie collective qui ne soient pas basées sur l'emploi et la croyance dans le retour maintes fois annoncé du plein emploi. Elle est en revanche à l'opposé de la logique d'une contrepartie obligatoire censée lutter contre l'assistanat et ses effets délétères. C'est le travail qui occupe la place centrale, en tant qu'il fait de nous des êtres « non-inhumains » et qu'il rend le monde durablement habitable et désirable.

Un cheminot, délégué du personnel SUD-Rail, s'est suicidé sur son lieu de travail, à la gare Saint-Lazare à Paris, dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 mars, selon le syndicat, qui met en cause la direction de la SNCF. Le cheminot, âgé de 42 ans, "s'est jeté sous un train", a déclaré à l'AFP Fabio Ambrosio, représentant de SUD-Rail au comité d'entreprise, se disant "partagé entre la tristesse et la colère". La direction de la SNCF a indiqué, pour sa part, qu'une "enquête de police était en cours".

"Des relations tendues" avec sa hiérarchie

Selon le syndicat, le délégué, qui avait un statut de travailleur handicapé lié à des "problèmes psychologiques", était "depuis plusieurs années attaqué par une direction qui ne supportait pas son engagement syndical""Un conseil de discipline l'avait condamné à un dernier avertissement avant licenciement, avec 12 jours de mise à pied et à un déplacement disciplinaire pour avoir eu un 'regard menaçant' envers son directeur", précise le SUD-Rail dans un communiqué. Selon la direction, le cheminot avait "a priori des relations tendues avec ses dirigeants".

Le syndicat affirme que la "mutation disciplinaire" a été signifiée au cheminot "sans aucun respect des règles". "De plus, la direction n'ignorait pas que son médecin préconisait depuis plusieurs années, pour sa santé, qu'il reste dans un environnement de travail et interdisait tout déplacement", poursuit le syndicat. "La direction de la SNCF doit prendre conscience que ses pressions managériales, les restructurations perpétuelles et la répression syndicale qu'elle mène depuis plusieurs dizaines de mois poussent à bout des agents", dénonce SUD-Rail. 

C'est pour cette raison qu'il faut mettre en place le revenu universel afin de supprimer le pouvoir injuste des chefs d'entreprises pour ne plus faire du chantage à l'emplois et de pousser les employés(e) aux suicides, et de pouvoir quitter son emploi en toute tranquillité financière grâce au filet de sécurité !!!

Meziane RAHEM

Salarié en situation de « burn-out » : protection contre le licenciement et responsabilité de l'employeur

Le "Burn-out" caractérise le syndrome d’épuisement professionnel : un état complet d’épuisement physique et mental, le stade ultime de la dépression. 

La victime de ce symptôme s’épuise mentalement et physiquement en essayant d’atteindre des objectifs irréalisables. Elle devient à bout nerveusement, perd pied et peut aller jusqu’à se convaincre de son inaptitude à répondre efficacement aux attentes de son employeur.

Le "burn-out" est très souvent synonyme d’arrêt maladie de longue durée, d’impossibilité de reprendre le travail et peut être reconnue en maladie professionnelle puisque classée dans la catégorie des risques psychosociaux professionnels.

Le phénomène  "burn-out" peut également trouver son origine dans des faits de harcèlement insidieux de la part d’un supérieur hiérarchique comme l'a reconnue la Cour de cassation sur le fondement de l’article L1152 du Code du travail (Cass. Soc. 15 novembre 2006, n° 05-41.489).
 

Si le droit du travail ne connait pas la notion d’épuisement au travail et connait encore trop peu d’éléments de prévention de ce symptôme, les tribunaux ont fait évoluer la jurisprudence sur cette question autour de l’obligation de sécurité en particulier en matière de prévention des risques professionnels dits psychosociaux.

 Aux fins d'endiguer ce phénomène, la jurisprudence prévoit une protection du salarié victime de "burn-out" fondée principalement sur l'obligation de sécurité de résultat incombant à l'employeur.

De  plus en plus attentive au respect de cette obligation de sécurité, la cour de cassation protège désormais le salarié en arrêt maladie prolongé en raison d'un manquement de l'employeur lié à la surcharge de travail, contre le licenciement.

Dans ce contexte, le salarié ne saurait être licencié pour absence causant une désorganisation de l'entreprise.

Par ailleurs, le salarié peut faire reconnaître la responsabilité de l’employeur et demander devant le Conseil de prud’hommes la rupture judiciaire de son contrat aux torts de l’employeur dans le cadre d’une action en résiliation judiciaire.

  • Le licenciement pris pour désorganisation de l’entreprise engendrée par l’absence pour maladie non professionnelle du salarié est injustifié lorsque l’absence est liée à un manquement de l’employeur à son obligation de sécurité de résultat (L4121-1 C. tr.)

Il est de jurisprudence constante que le salarié en arrêt de travail de longue durée ou de façon répétée peut être licencié au motif de la désorganisation de l'entreprise engendrée par l’absence prolongée (ou les absences répétées) liée à une maladie non professionnelle et nécessitant son remplacement définitif.

Toutefois, dans un arrêt rendu le 13 mars 2013, la Cour de cassation qualifiait d’injustifié le licenciement pris sur ce motif lorsque l'absence prolongée du salarié pour cause de maladie résulte d'un manquement de l'employeur à son obligation de sécurité de résultat à l’égard de ses salariés.

Ainsi, les juges du fond devront toujours rechercher s’il n’y a pas un lien entre la maladie et un manquement de l’employeur à son obligation de sécurité de résultat.

  • La Cour de cassation appliquait ici une règle déjà prévue dans le cas du harcèlement moral qui se voit alors entaché de nullité (cass. soc. 11 octobre 2006, n° 04-48314, BC V n° 301 ; cass. soc. 16 décembre 2010, n° 09-41640 D).
  • Au surplus, elle élargit sa jurisprudence à tout manquement à son obligation de sécurité de résultat et non seulement à son obligation de préserver la santé de ses salariés.

Ainsi, tout risque psychosocial est susceptible d’être englobé dans cette formulation (sécurité, stress etc.). En l’espèce, la Cour intégrait dans cette notion, la surcharge de travail et la dégradation de l’état de santé ; le stress et l’épuisement professionnel n’ayant pas été  englobé par la cour de cassation dans l’obligation de sécurité de résultat. Cass. soc. 13 mars 2013, n° 11-22082 FSPB

En 2011, la Cour d’Appel de Bordeaux considérait que l’origine professionnelle d’un « burn-out » ne saurait sérieusement être contestée compte tenu de la nature de cette pathologie. Ainsi, il est établi que la dégradation de la santé d’une salariée est la conséquence d’importantes souffrances au travail. Cour d’Appel de Bordeaux, 10 novembre 2011 n° 10/06357

 Enfin, il convient de rappeler que l’obligation de sécurité de résultat de l’employeur implique l’atteinte du résultat si bien que celui-ci ne remplit pas son obligation dès lors qu’un salarié est victime sur son lieu de travail de violences physiques ou morales quand bien même il aurait pris des mesures pour faire cesser les agissements. Cass. soc., 23 janvier 2013, n°11-23.855F-D

  • Réagir face au « burn-out » : l’action judiciaire du salarié par la voie de la résiliation judiciaire du contrat de travail  

Les manquements de l'employeur susceptibles de justifier la résiliation judiciaire du contrat de travail aux torts de l'employeur doivent être d'une gravité suffisante aux fins d'être requalifiée en licenciement sans cause réelle et sérieuse (Cass. soc., 15 mars 2005, no 03-42.070, Bull. civ. V, no 91 ; Cass. soc., 14 janv. 2004, no 01-40.489, Bull. civ. V, no 8).

 Tel est le cas du manquement par l'employeur à son obligation de sécurité de résultat.

 Dans ce domaine, la demande de résiliation judiciaire du contrat de travail est jugée bien fondée s’agissant notamment :

  •  d’une situation de harcèlement moral (Cass. soc., 20 févr. 2013, no 11-26.560) ;
 d’une réaction tardive de l’employeur à la lettre d'une salariée dénonçant les agressions verbales de ses collègues de travail (Cass. soc., 15 mars 2005, no 03-41.555, Bull. civ. V, no 90) ;
  •  du non-respect des règles applicables en matière de surveillance médicale des travailleurs handicapés (Cass. soc., 26 oct. 2010, no 09-42.634, Bull. civ. V, no 249).

L'ensemble de ces jurisprudences seraient applicables à l'action du au salarié souhaitant opposer les manquements de son employeur à son obligation sécurité pour faire acter la rupture du contrat aux torts de son employeur.
RAHEM Meziane